Air Madagascar : Le bras de fer se poursuit

Air Madagascar : Le bras de fer se poursuit

L’étau se resserre entre la compagnie Air Madagascar et Corsair. Pour le Gouvernement, la priorité reste le redressement de la compagnie nationale pour lui permettre de retrouver les fondamentaux dont la ponctualité et l’amélioration des produits et services.

La compagnie Corsair n’entend pas se laisser faire, face à la décision de l’Aviation Civile de Madagascar de ne pas renouveler l’autorisation d’exercer des droits de trafic entre Madagascar et La Réunion. Elle entend revendiquer le maintien de ses droits de trafic, et a ainsi lancé une campagne de communication dans la presse pour faire signer une pétition servant ses intérêts, au nom de la libre concurrence. Cela survient, quelques jours après la tenue de discussions entre les services de l’aviation civile française et malgache à Paris sur les droits aériens. «Corsair souhaite poursuivre le développement du trafic régional afin de maintenir une situation de concurrence saine et loyale dans l’intérêt de ses clients. Une situation de concurrence saine et loyale, cela signifie la présence d’au moins deux compagnies sur la ligne pour pouvoir offrir aux clients des prix compétitifs et éviter les situations de monopole». Dans un communiqué, Corsair confirme avoir transporté 19.000 passagers dont les 13.000 sont des clients sur le régional et les 6.000 sur le long courrier. «Ce qui a largement dépassé notre prévision de trafic de 10.000 passagers, transmis en octobre 2016. Sur ces passagers additionnels, 60% sont des Réunionnais, et seulement 15%, des Malgaches».

Manque à gagner

Pour leur part, les dirigeants d’Air Madagascar ont indiqué que l’exploitation de ligne Réunion-Antananarivo par Corsair engendrait pour la compagnie nationale un manque à gagner de plus de 800.000 euros sur cette ligne. Le coefficient de remplissage d’Air Madagascar est tombé à 29% en six mois, contre 53% auparavant. Les administrateurs, la direction générale et l’ensemble du personnel d’Air Madagascar s’insurgent contre la méthode et les véritables objectifs poursuivis par cette Corsair.
Pour l’Aviation Civile de Madagascar, la concurrence dans le ciel malgache est indispensable et doit être soutenue, mais elle doit être saine et ne pas nuire aux entreprises du pays, donc à son économie. Précisément, la priorité du Gouvernement est, et reste le redressement de la compagnie nationale Air Madagascar.
Dans son communiqué, Air Madagascar ne manque pas de répondre à Corsair. «Quand Corsair écrit qu’elle a fait bénéficier à 19.000 personnes de son offre, elle omet de dire qu’une grosse partie provient de la clientèle existante d’Air Madagascar. Quand Corsair dit qu’elle fait baisser les prix entre la Réunion et Madagascar, elle oublie de dire qu’elle ne dessert plus Antananarivo directement depuis Paris, qu’elle vend avant tout la Réunion où ses avions se vident et qu’elle pourrait même vendre le billet Réunion-Antananarivo à 1 euro sans que cela ne lui coûte rien de plus». Les dirigeants d’Air Madagascar qualifient tout cela de «dumping». Ils estiment qu’il importe de défendre les intérêts économiques du pays et de sauver notre porte-fanion national.

C.R

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