Interview exclusive: “L’Afrique du Sud, prête à soutenir la Grande île dans un avenir meilleur”

Interview exclusive: “L’Afrique du Sud, prête à soutenir la Grande île dans un avenir meilleur”

L’Ambassadeur de l’Afrique du Sud à Madagascar SEMme Maud Cuyelwa Dlomo a bien voulu s’exprimer sur l’évolution des relations entre le pays de Madiba et la Grande île, au cours d’une interview accordée à la Rédaction. Il y a une semaine, le Président de l’Afrique du Sud Jacob Zuma a démissionné. Les détails.

Ma-LAZA : Le Président Cyril Ramaphosa succède au Président Jacob Zuma. Cela aura-t-il des répercussions sur les relations entre l’Afrique du Sud et Madagascar?
SEMme Maud Dlomo: Le Président Cyril Ramaphosa est membre de l’ANC dont l’histoire de la lutte pour la liberté a été soutenue par Madagascar. Nos relations avec Madagascar ne peuvent que s’améliorer. L’Afrique du Sud reste toujours prête à soutenir la Grande île vers un avenir meilleur. Nous avons commencé cette année en signant un accord conjoint de coopération entre l’Afrique du Sud et Madagascar. Cela nous permettra de faciliter une interaction plus étroite et plus ciblée entre tous les secteurs tels que le développement des infrastructures, l’agriculture et l’agro-industrie, l’industrialisation, le tourisme, les transports, l’économie bleue, la préservation de l’environnement, renforcement des capacités, etc. Alors que nous célébrons le centenaire de Nelson Mandela, il y a différents projets que nous envisageons de réaliser avec le gouvernement et toutes les parties prenantes ici à Madagascar.

Ma-LAZA : Quels sont les impacts de la démission du Président Jacob Zuma sur la situation en Afrique du Sud?
SEMme Maud Dlomo: Nous avons une démocratie constitutionnelle et un très fort parti d’opposition au Parlement qui travaille avec le parti au pouvoir, l’ANC. Deux choses se sont passées. Premièrement, des allégations ont été faites par les partis d’opposition contre le Président Zuma. Puis, en décembre 2017 le Président Zuma a démissionné en tant que président de l’ANC et le Président Ramaphosa a été démocratiquement élu. Pendant ce temps, le Président Zuma a nommé une Commission spéciale présidée par le vice-chef de la justice pour enquêter sur les accusations portées contre lui. L’ANC a alors décidé qu’il valait mieux qu’il démissionne (…).
L’ANC a remercié le Président Zuma pour sa contribution désintéressée pour la libération de l’Afrique du Sud mais on a estimé qu’une nouvelle énergie et une concentration étaient nécessaires pour redynamiser la nation et aborder les questions clés liées à la pauvreté, le chômage des jeunes et la croissance économique inclusive. Nous, les sud-africains, nous sommes heureux quand tous les intervenants se recentrent sur les priorités du pays non seulement pour les élections, mais pour le développement du pays.

Ma-LAZA : Pensez-vous que Madagascar puisse tirer des leçons de ce qui s’est passé en Afrique du Sud et comment percevez-vous la situation à Madagascar en cette veille de la
période électorale?
SEMme Maud Dlomo : Madagascar est stable depuis quelques années maintenant. Il y a un effort déployé pour préparer les élections pacifiques et le Comité de réconciliation (CFM) a été créé pour faire face à tout conflit qui pourrait survenir, mais il est également chargé de faciliter le dialogue entre toutes les parties prenantes. C’est important, car le développement et la paix dépendent de tout le monde. L’Afrique du Sud a eu une réputation internationale en tant que nation qui pratique et favorise la résolution pacifique des divergences politiques. La transition pacifique de l’ancien Président Zuma au Président Ramaphosa est un autre témoignage de cette pratique politique dans notre pays.

Ma-LAZA : En ce qui concerne les relations bilatérales, l’année 2017 a été marquée par le tenue de la Conférence des Investisseurs pour Madagascar. Quelles ont été les retombées, il y aurait-il des projets d’investissement en cours suite à cette initiative?
SEMme Maud Dlomo : Je suis heureuse que vous ayez posé cette question. La conférence des investisseurs a été une avancée très positive dans nos relations. Les secteurs privés sud-africain et malagasy ont pu se rencontrer et partager la façon dont ils peuvent travailler ensemble. Les gouvernements étaient là pour dire comment ils rendront l’environnement propice à l’augmentation du commerce et des investissements entre nos pays.
Cette année, l’Afrique du Sud participera en tant qu’invitée spéciale au salon du tourisme International Tourism Fair et nous espérons que notre coopération dans ce domaine s’améliorera.
Rappelez-vous que nous avons lancé le Food and Music festival l’année dernière à Tuléar, nous nous attendons à ce que cela continue pendant que nous célébrons le centenaire de Mandela mais cette fois ci, ce sera à Antananarivo avec vos artistes et chefs très talentueux. La diplomatie culturelle joue un rôle important dans l’amélioration du tourisme et de l’interaction avec les étudiants des universités. Il y a de très bons projets communautaires que nous avons commencés avec vos universités et le secteur privé ici l’an dernier. Nous allons lancer certains d’entre eux cette année.
Par ailleurs, une forte délégation sud-africaine composée d’hommes d’affaires, de banques (privées) et de responsables ministériels viendront à Madagascar du 3 au 10 mars. Ils s’intéressent aux projets de développement infrastructurel et seront à Antananarivo, Fort Dauphin et Tuléar. Et ce n’est qu’un début.
Pour ce qui est du commerce extérieur, nous importons des textiles, des métaux précieux, des produits artisanaux et des litchis de Madagascar. Mais il reste beaucoup à faire. Cependant nous sommes déterminés à faire ce travail.

Ma-LAZA : Votre mot de la fin…
SEMme Maud Dlomo: Mon dernier mot est que nous devrions tous être ravis lorsque nos pays avancent. En Afrique du Sud, nous croyons que, pour que le développement se produise, tout le monde doit jouer un rôle positif.

Propos recueillis par C.R

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