Jean-Louis Rakotoamboa : “Le parti TEZA ne participera pas à une mascarade électorale”

Le président national du parti TEZA, Jean Louis Rakotoamboa est catégorique. Son parti ne participera pas à une mascarade électorale. Lors d’une interview exclusive qu’il a accordée à Ma-LAZA, Jean Louis Rakotoamboa a réitéré sa volonté de se battre pour la concrétisation de la refondation ainsi que pour la mise en place du socle démocratique dans le pays. Interview.

Ma-LAZA : Quelle est la position du parti TEZA en ce qui concerne la tenue des élections présidentielles en novembre et décembre 2018?
Jean Louis Rakotoamboa: D’abord, je tiens à rappeler que mon parti n’avait pas participé aux précédentes élections notamment des présidentielles en 2013. Nous pensons que les règles du jeu sont malsaines. Depuis, nous avons demandé la réfondation mais notre proposition avait toujours été ignorée. Le pays avait organisé les présidentielles de 2013. Comme résultat, 5 ans plus tard, Madagascar n’est toujours pas sorti de l’auberge et l’on constate un retour à la case Départ. La crise est toujours là. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Je crains même le pire si le gouvernement insiste de tenir des élections sans changer le système. La mise en place d’un gouvernement de consensus ne résoudra rien du tout. Comme ce fut le cas lors de la transition. Le TEZA ne participera pas aux prochaines consultations populaires. Il ne s’agit que d’une mascarade électorale. Il est nécessaire de rediscuter les règles du jeu et de mettre en place le socle démocratique avant de passer aux élections.

Ma-LAZA : Pourquoi dites-vous que ce sera une mascarade électorale?
Jean Louis Rakotoamboa: Le système politique au pays n’a pas changé. Le consensus trouvé par les politiciens se résume à un partage de sièges au sein du gouvernement. De plus notre Constitution a accordé plus de pouvoir a l’Exécutif particulièrement au Président de la République. Ce dernier réalise le programme de développement et utilise l’argent public. C’est lui même qui détient le pouvoir de contrôle des finances publiques par le biais du ministère des finances et du budget ainsi que l’IGE (Inspection Générale de l’Impôt). Pire, l’Exécutif a la mainmise sur la CENI particulièrement au niveau des Districts et Communes. Car les membres de la CENI y sont désignés par l’Exécutif. Les lois électorales font l’objet de vive controverse à Madagascar, où elles sont accusées d’avoir été au cœur des fraudes électorales. Ces lois devraient être rédiscutées au parlement. Or, le Président de la République les a promulguées sans amendement au niveau des deux chambres parlementaires. Aucune régle n’a été mise en place en ce qui concerne les financements des campagnes. Comme ce fut le cas en 2013. Le candidat du HVM soutenu par le MAPAR avait injecté 343 millions de dollars, d’après l’étude de Manuel Wally sur la réglementation du financement des partis polibiques et des campagnes électorales, étude comparative des pratiques dans l’espace francophone, en décembre 2016. Bref, le parti du régime en place possède toujours les atouts pour remporter les élections. Nous sommes las de ces machinations. Nous, du parti TEZA, avons marre de ces élections injustes. Nous n’y participerons que si les conditions de transparence et d’équité sont réunies…

Ma-LAZA : Quelles solutions préconisez-vous?
Jean Louis Rakotoamboa: La refondation reste l’unique solution. Je tiens à interpeller la conscience de chacun de procéder à la mise en place du socle démocratique à travers l’amélioration des textes fondamentaux notamment la Constitution, le code électoral, le code de communcation avant de passer aux consultations électorales. Nous souhaitons également la tenue d’un débat national organisé sous l’égide de la société civile et des militaires.

Recueillis par Vola Ravoavy

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