José Vianey : “La refondation politique se fait dans la stabilité”

José Vianey : “La refondation politique se fait dans la stabilité”

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L’ancien ambassadeur de Madagascar auprès de l’UNESCO José Vianey est sorti de son silence face à la conjoncture politique actuelle. Un des artisans de la réconciliation nationale, ce sociologue a insisté sur la nécessité d’une stabilité afin d’instaurer une véritable refondation. Interview.

Ma-LAZA : Plusieurs entités se sont dressées ces derniers jours afin de démettre le régime actuel. Comment concevez-vous leur attitude et position ?
José Vianey : Effectivement, si je ne me trompe, il y a 3 ou 4 groupes de formations politiques qui, dans leurs discours mettent l’accent sur le départ anticipé du Président. Mais si vous analysez de près leurs démarches respectives, vous noterez des différences notables. Il y a ceux qui mettent l’accent sur la Réconciliation nationale et la Refondation politique comme priorités, d’autres qui veulent en découdre avec le pouvoir actuel sans pour autant avancer une alternative économique et sociale crédible, puis ceux qui voient grand en mettant en avant un projet de convention comportant une assemblée constituante forte de centaines de personnes et probablement d’un gouvernement de consensus de type Transition bis.

Ma-LAZA : La refondation a toujours été mar­telée ces derniers temps, tout comme la nécessité d’un dialogue. Est-ce réel­lement opportun ?
José V. : La question de Refondation politique est un principe déjà acquis et les diverses assises, régionales et nationales, qui se sont déroulées depuis 2010 l’ont toutes reconfirmée ! Elle ne doit pas être manipulée ni être un motif de contestation. Ce dont il faut discuter, c’est la mise en œuvre de cette refondation et la meilleure méthodologie d’y parvenir. Il nous faut déjà dépassionner le débat ou encore le structurer. Cette tâche incombe au nouveau Conseil du Fampihavanana Malagasy, une structure légale pouvant catalyser une participation élargie au niveau des Districts et des Régions, d’où l’existence de faux débat véhiculés par certains acteurs politiques… Une véritable refondation doit se faire dans un contexte sociopolitique apaisé, stable et non conflictuel !

Ma-LAZA : Qui doit alors participer à ce débat ?
José V. : Ce débat ne doit pas être monopolisé par les politiques, ce n’est pas non plus l’affaire de quelques Experts. Toutes les composantes de la société malgache, à l’instar des no­-
tables, des chefs traditionnels, des cadres et des jeunes, doivent être repré­-
sentées. Un débat neutre, positif, loin des calculs électoraux, puisqu’il y va de l’avenir de toute 1a nation.

Ma-LAZA : L’éventualité d’une convention politique est également avancée par certains détracteurs du régime. N’est-ce pas une formule visant à mettre en œuvre la refondation nationale ?
José V. : Ecoutez, l’idée d’une convention politique ne doit pas être érigée en formule magique ! C’est une idée qui datait des années 90 lors du discours de La Baule, prononcé par l’ancien Président François Mitterrand. C’est peut être valable dans certains pays francophones, mais pas dans la conjoncture actuelle. Si elle a mis fin aux affrontements de 1991 sans parler de Dakar 1 et 2 qui sont demeurés lettre morte, ces fameux accords n’ont empêché ni la corruption ni la résurgence des crises, suivies des centaines de victimes et de catastrophes économiques, tels que le cas de 2002 et de 2009. A preuve, la Convention de 1991 avait abouti à l’empêchement du Président Albert Zafy 5 ans plus tard. Certes, une Convention pourrait être une solution conjoncturelle pour ceux qui visent une position de pouvoir, mais elle n’est pas la solution adéquate dans la situation sociopolitique actuelle, si l’objectif réel est la Refondation nationale.

Ma-LAZA : Quelle solution avancez-vous pour dissiper la tension actuelle ?
José V. : Il nous faut, d’abord, faire l’économie d’une rupture institutionnelle et accepter le principe de l’alternance démocratique, ensuite, trouver les voies et moyens d’instaurer une structure de dialogue permanent et non conjoncturel comme mode de régulation de conflit. Cette structure d’interaction sera un espace d’échanges et permettra aux acteurs politiques, syndicaux, société civile et l’Exécutif d’émettre des propositions, corrections, voire des dénonciations, suivies de toutes les actions concertées. Ce sera également une manière de partager les responsabilités dans le défi économique qui nous attend sans pour autant briguer impérativement des sièges !

Ma-LAZA : Comment allons-nous éviter d’autres marasmes économiques qui pourraient nous retarder davantage dans le développement du pays ?
 José V. : Nous devrions surpasser nos contradictions internes et montrer notre solidarité nationale face aux enjeux économiques et diplomatiques actuels. La diplomatie est également une question de rapport de forces et si nous restons divisés, beaucoup d’opportunités risquent de nous échapper. Faut-il rappeler que des rendez-vous d’importance capitale attendent notre pays très prochainement ?… Pour ne citer que la Conférence des bailleurs, mais aussi celle des Nations Unies où la question des îles Eparses sera discutée. De même, nos positions doivent être convergentes dans l’intérêt national !
Propos recueillis

par Marc A.

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