Logiciel AUGURE : Risque de détournement financier

Parmi les différentes activités réalisées par la Cour des Comptes figure l’audit de l’Application Unique pour la Gestion Uniforme des Ressources Humaines de l’Etat AUGURE. C’est pour moderniser la gestion des ressources humaines de l’Etat en vue d’améliorer la fourniture des services publics que cette nouvelle application a été mise en place. Des observations et des recommandations ont ainsi été émises.

“Phase embryonnaire, atteinte partielle des objectifs”. Ce sont en ces termes que les responsables de la Cour des Comptes se sont exprimés, suite à l’audit qu’ils ont réalisé sur l’AUGURE. L’on apprend de surcroît que le niveau de sécurité très faible de l’application ouvre à des «risques d’hémorragie financière» par erreur humaine ou de manière volontaire. Faute de certificat de sécurité, utilisant le mécanisme de chiffrement ou cryptage de données, la présence d’un risque élevé de piratage de données a été observée. En outre, l’accès direct de certains utilisateurs, autre que l’administrateur de la base de données, notamment ceux ayant recours aux outils tels que Tool for Oracle Application Developer (TOAD), constitue une possibilité de modification de certaines informations sur le personnel.
Cet audit a été réalisé pour s’assurer d’une part, si le système gère les effectifs et la solde, en conformité avec les procédures et règles de transparence et d’autre part, si l’application dispose du socle technologique et fonctionnel adaptés. Il s’avère que celle-ci n’est pas inscrite dans un environnement informatique convenable du fait de la défaillance en fourniture d’électricité ou de connexion et d’absence d’inexécution budgétaire. Et ce n’est d’ailleurs pas la seule application de gestion des ressources humaines de l’Etat. Les résultats de l’audit précisent également que cette application intègre seulement les fonctionnaires civils et n’inclue pas non plus les agents non encadrés.
Jean de Dieu Rakotondramihamina, président de la Cour des Comptes a touché un mot sur la cogestion, le système impliquant aussi bien le Ministère de l’Economie et des Finances que le Ministère de l’Emploi, de la Fonction Publique, du Travail et des Lois sociales. Cela ne devrait pas se limiter à ces deux Ministères concernés, mais impliquer également un niveau hiérarchique plus élevé qui pourra arbitrer : la Primature. «Si la mise en œuvre de l’application a mis aussi de temps, c’est en raison des discordances entre les deux ministères qui ont chacun des statistiques sur l’effectif réel des agents de l’Etat. Ces chiffres ne coïncident pas»

Actions urgentes

Pour éviter l’hémorragie financière, la mise en place d’un système de sauvegarde des données sur site et hors site ainsi que l’arrêt de tout nouveau développement jusqu’à l’élaboration du cahier des charges du Système Informatisé de Gestion des Ressources Humaines de l’Etat SIGRHE sont recommandés par la Cour des Comptes. Il importe également de migrer toutes les applications et base de données dans le Datacenter /MEF, d’unifier les bases de données mais aussi de nettoyer les doublons et vérifier la cohérence des données. A noter au passage que le Ministre de l’Economie et des Finances Richard Randriamandrato a rehaussé de sa présence la présentation du rapport de la Cour des Comptes, aux côtés de Valery Ramonjavelo, Secrétaire Général auprès de la Présidence. Des dispositions devraient ainsi être prises suite aux résultats de cet audit.

C.R

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