Mariage précoce : 63,6% des filles du Melaky se marient avant 18 ans

Mariage précoce : 63,6% des filles du Melaky se marient avant 18 ans

Bien de raisons amènent au mariage précoce. Et Madagascar n’est pas épargnée par ce phénomène. Pauvreté, conflits familiaux, manque d’éducation… sont autant de facteurs qui favorise le mariage précoce.

Inquiétant. A Madagascar le taux de prévalence du mariage précoce est encore très élevé notamment dans certaines Régions. Selon les statistiques publiées par le ministère de la Population, de la Protection sociale et la Promotion de la femme, 41,2% des filles sont mariées ou en union bien avant l’âge de la majorité, 18 ans, au niveau national. Les Régions Sud et Ouest de Madagascar enregistrent les pourcentages les plus élevés de mariage précoce, bien que le phénomène soit omniprésent sur tout le territoire national.
La situation est plus inquiétante pour la Région Melaky avec un taux de mariage précoce de 63,6%. La pauvreté, les us et coutumes, l’insécurité qui prévaut dans cette localité sont autant de facteurs qui amènent les filles à se marier très tôt. Selon les explications du Directeur Régional du MPPSPF, Oslo Sandland, l’insécurité grandissante pousse les parents à contraindre leurs filles à se marier, afin de protéger leurs biens des dahalo (dès fois, les filles sont mariées à des dahalo). Toujours dans cette Région, dès l’âge de 12 ans, la fillette ne vit plus avec ses parents et dispose de sa propre cabane.
Dans les Régions DIANA et SOFIA, 41% des filles se marient ou sont en union avant l’âge de 18 ans. Le préjudice, la honte, l’ambition de s’enrichir… motivent généralement les parents à obliger leurs filles à se mettre en union. Il en est de même des grossesses précoces qu constituent une autre raison des mariages précoces.
La mise en place d’un «dinam- piaraha-monina» au niveau de localité a permis de réduire ces taux. En cas d’un mariage ou d’union précoce constatée, la société peut porter plainte auprès du Fokontany ou des Forces de l’ordre (police ou gendarmerie nationale), explique Jean Claude Velomana, Directeur inter-régional de la relation avec les institutions des régions DIANA et SOFIA.

Conséquences
La situation est inquiétante dans la mesure où les conséquences du mariage précoce, souvent sous la contrainte des parents, sont souvent dévastatrices chez les jeunes filles. Il en est ainsi des relations sexuelles forcées, des grossesses précoces et les maladies associées telles que la fistule obstétricale, la mortalité infantile élevée, l’abandon scolaire qui contribue à une situation d’isolement, risque accru de violences domestiques, les épouses mineures pouvant rarement se protéger contre les violences de leur conjoint beaucoup plus âgé… Le mariage des enfants est donc une violation de leurs droits et risque de les isoler et de leur interdire l’accès à l’éducation et à l’épanouissement.

Stratégie nationale
A l’occasion de la Journée internationale des droits des enfants d’hier, plus de 200 personnes ont validé la stratégie nationale de lutte contre le mariage des enfants. Il en est ainsi du ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme, des ministères sectoriels clés, des partenaires techniques et financiers dont l’UNICEF entre autres, les sociétés civiles. L’objectif est de réduire de 41,2% à 21,2% le taux de prévalence du mariage des enfants à Madagascar en 2024, a fait savoir Adolphe Pilaza, DG du MPPSPF.
Par ailleurs, un parlement des enfants sera mis en place d’ici peu, d’après le MPPSPF. «Avec cette stratégie, les enfants seront protégés de l’union, du mariage et de la grossesse précoces» explique Elke Wisch, Représentante de l’UNICEF à Madagascar.

Jemima R

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