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Evasion de la prison de Farafangana : Les explications du Directeur Général de l’Administration pénitentiaire

L’évasion qui s’est produite à Farafangana continue d’alimenter les conversations. La mort d’une vingtaine d’évadés est toujours vivement condamnée par les défenseurs des droits de l’homme. De plus, un mineur de 17 ans qui faisait partie des évadés abattus a soulevé une polémique nationale ces derniers jours. Le Directeur Général de l’Administration Pénitentiaire (DGAP), Ranaivo Andriamaroahina Tovonjanahary, apporte des précisions.

Ma-LAZA : Des informations sur la mort d’un détenu évadé mineur, ont circulé sur les réseaux sociaux, puis relayées par la presse. Qu’en est-il réellement ?
DGAP : Je tiens à préciser qu’il n’y avait aucun mineur abattu durant cette chasse aux évadés de Farafangana. 4 mineurs faisaient en effet partie de ces évadés, mais ils ont tous été capturés, puis ramenés sains et saufs dans leur cellule, en prison. Aucun de ces 4 mineurs évadés n’est condamné pour vol d’ossements. Ils ont pour chefs d’accusation le viol, le vol de bovidés ou encore le vol à l’esbroufe. L’information relayée sur les réseaux sociaux et par la presse est complètement erronée.

Ma-LAZA : Les mineurs sont-ils détenus au même endroit que les adultes à Farafangana ?
DGAP : Absolument pas, mineurs et adultes sont détenus dans des quartiers différents. D’après les premiers éléments de l’enquête, les adultes qui se sont évadés auraient emprunté un passage dans le quartier des mineurs. Ce fut à ce moment-là que ces 4mineurs avaient profité de l’occasion pour leur emboîter le pas. Je réaffirme ici que les mineurs et les adultes sont détenus séparément dans la prison de Farafangana.

Ma-LAZA : Une semaine après cette spectaculaire évasion, quel en est le bilan officiel ?
DGAP : 23 sont officiellement déclarés morts. 47 ont été capturés ou ont décidés de se rendre. 18 détenus évadés sont toujours en cavale. Les recherches sont intensifiées. L’Administration pénitentiaire a envoyé leurs signalements aux différents responsables de la sécurité du pays. Il faut admettre qu’après ces quelques jours de cavale, certains seraient déjà très loin de Farafangana, un des évadés avait été rattrapé dans le District de Vondrozo. Une brigade volante de l’administration pénitentiaire est sur place pour poursuivre les recherches.

Ma-LAZA : Des associations de défenseurs des droits de l’Homme ont condamné à l’unanimité l’utilisation d’armes à feu pour abattre ces évadés. Pourriez-vous expliquer dans quelles conditions les pénitenciers sont-ils obligés de recourir à leurs armes.
DGAP : On ne peut utiliser des armes à feu dans l’enceinte ou dans la cour de la maison centrale. En revanche, en cas d’évasion, comme ce qui s’est produit, et lorsque les détenus évadés se trouvent hors de l’enceinte, les agents de l’administration pénitentiaire peuvent recourir à leurs armes en guise de sommation. Dans le cas de Farafangana, les agents ont observé les degrés de l’utilisation de leurs armes à feu. Ils ont fait des tirs de sommation et de neutralisation. Mais dans le feu de l’action, et étant donné que certains évadés ont riposté, les agents ont recouru à des tirs meurtriers.

Ma-LAZA : Quelles sont les dispositions adoptées pour prévenir d’autres cas d’évasion ?
DGAP : Il est vrai que de tels événements peuvent survenir dans d’autres maisons de détention. A titre de prévention, l’Administration pénitentiaire a décidé de renforcer les dispositifs de sécurité dans toutes les prisons de Madagascar.

Ma-LAZA : S’il s’avère que des agents de l’Administration pénitentiaire étaient complices de cette évasion, quelles seraient les sanctions ?
DGAP : Deux types d’enquête sont en cours pour déterminer les motifs de cet incident : l’enquête administrative et celle juridique. Si les résultats font état de fautes des pénitenciers, ils encourront des sanctions administratives et pénales.

Ma-LAZA : En ce qui concerne les détenus évadés puis capturés, quelles sanctions risquent-ils ?
DGAP : Outre leurs chefs d’inculpation, ils seront poursuivis pour évasion. A Madagascar, une évasion ou une tentative d’évasion est sanctionnée de 2 ans d’emprisonnement ferme. Cette nouvelle condamnation sera ajoutée à leur condamnation initiale. Ils seront alors qualifiés de DPAC ou Détenu Pour Autre Cause.

Recueillis par Velo Ghislain


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