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Groupement des Entreprises de Madagascar 2020 : « Annus horribilis »

En ce dernier jour de l’année 2020, l’heure est au bilan. De nombreux acteurs du secteur privé qualifient cette année d’ «annus horribilis » (année horrible). Thierry-Marie H. Rajaona, président du Groupement des Entreprises de Madagascar GEM a bien voulu nous livrer son point de vue.

– Ma-LAZA : Globalement, comment avez-vous vécu cette année 2020 et que pensez-vous des mesures qui ont été prises par l’Etat pour soutenir le secteur privé ?
– Thierry Rajaona : L’année 2020 a été marquée par la pandémie. Officiellement, la crise sanitaire a fait peu de dégât (…) par rapport au paludisme. Sur le plan économique, c’est la catastrophe. La banque mondiale a parlé d’une décroissance de -4,2% du PIB. Cette décroissance aurait pu être évitable. On aurait pu contenir cette crise, avec une décroissance à -0,8%. Mais nous n’avions pas mis les moyens pour soutenir l’économie (…). Le plan de mitigation de soutien à l’emploi que nous avons élaboré n’a pas été retenu. Le gouvernement a plutôt proposé un plan multisectoriel d’urgence qui n’est toujours pas mis en œuvre, alors qu’il est censé amortir les impacts de la crise économique. Une des propositions du plan de mitigation est néanmoins en train d’être mise en œuvre : la garantie de prêt bancaire. L’Etat, avec l’appui de la Banque Mondiale a accepté d’accordé une garantie de 24 millions USD pour soutenir les crédits de trésorerie des entreprises impactés par la crise.

-Ma-LAZA : Comment envisagez-vous l’année 2021 ?
– Thierry Rajaona : Il nous paraît important d’envisager un avenir qui soit résolument serein et optimiste. La LFI 2021 prévoit un taux de croissance de 4,5%. Nous pensons au sein du secteur privé, qu’il est possible de faire plus (5%) en mettant les moyens. Il faut une politique de soutien économique forte à la keynésienne et une volonté politique réelle de relancer l’économie. Les véritables victimes actuellement sont l’économie et la population. Dans la loi de finances 2021, on ne sent pas cette volonté de relancer l’économie. 2021 sera une année économiquement morose si on se base sur cette LFI

– Ma-LAZA : Comment qualifieriez-vous l’état actuel du dialogue public-privé. Quelles ont été les avancées depuis la rencontre entre l’Etat et le secteur privé à Iavoloha depuis le mois de juin dernier ?
– Thierry Rajaona : Le dialogue public privé DPP est au point mort, ce qui est pour nous une déception. Cette situation que nous avons connue était l’occasion rêvée pour se mettre autour d’une table et avoir un dialogue ouvert et franc. Nous sollicitons des DPP à très haut niveau. Il existe des décisions qui dépassent les ministres. Il n’est jamais trop tard.

-Ma-LAZA : Quelle leçon pourrait-on tirer de la crise sanitaire et des impacts sur l’économie ?
-Thierry Rajaona : En chinois, le mot crise signifie également opportunité. C’est-à-dire qu’à chaque fois que vous traversez une crise, il y a toujours des opportunités. Cette crise va nous ouvrir de nouvelles opportunités notamment pour l’autosuffisance alimentaire. Dans le secteur agricole, il faut une politique de développement pour atteindre cette autosuffisance. Nous ne devons plus importer du riz, nous devons même en exporter. Pour ce qui est de la production locale, une politique d’investissement public importante est requise, permettant le développement économique. Il nous faut une volonté forte et des ambitions fortes. Nos produits (vanille, mines….) doivent également être transformés pour créer des valeurs ajoutées avant d’être exportés (…)

Ma-LAZA : Le mot de la fin?
Thierry Rajaona : Nous ne réussirons pas à réellement développer le pays s’il n’y a pas ce lien fort entre le public et le privé. Cela ne peut se faire sans le DPP que nous souhaitons fort. Cela paraît d’autant plus crucial aujourd’hui que nous traversons une crise sans précédente. Il y va aussi bien de la consolidation des recettes de l’Etat que de la survie du développement des entreprises.

Propos recueillis par Claudia R.


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