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Secteur minier : 40 à 60 millions USD de manque à gagner par mois

« Préoccupé », c’est le ressenti des acteurs du secteur minier. Une préoccupation qui ne se limite pas au contexte sanitaire, mais s’étend à la situation globale du secteur à Madagascar. Jean Luc Marquetoux, président de la Chambre des Mines nous a fait part de son point de vue.

-Ma-LAZA : Pourrait-on estimer le manque à gagner des grandes mines à Madagascar durant cette crise sanitaire ?
– Jean Luc Marquetoux : C’est une évaluation qu’on a cherchée à faire au sein de la Chambre des Mines. On estime les manques à gagner entre 40 à 60 millions USD par mois. Des milliers de salariés, tout secteur minier confondu, se sont retrouvés dans des situations de chômage technique. Par ailleurs, l’actualité du secteur minier est extrêmement préoccupante. Il y a deux principales mines industrielles en opération à Madagascar QMM Rio Tinto et Ambatovy qui représentent à elles deux près 90% du volume national d’exportation de produits miniers à Madagascar. Les opérations d’Ambatovy ont été suspendues depuis le 21 mars 2020 en raison de la situation sanitaire. Aujourd’hui, Ambatovy ne pense pas avoir la capacité à reprendre ses opérations avant l’année prochaine. Cela aura un impact considérable non seulement sur le secteur lui-même, mais sur l’ensemble de l’économie nationale.
La dévaluation de l’Ariary est en partie liée à l’impact de la baisse des recettes d’exportation du secteur minier. Dans le contexte international, la crise sanitaire a eu deux principales conséquences : une baisse de la demande mondiale en matières premières et une baisse généralisée des cours de matières premières à l’exception de l’or.

– Ma-LAZA : Le processus de réforme du Code minier est en cours, qu’en pensez-vous ?
– Jean Luc Marquetoux : La situation est rendue encore plus préoccupante à Madagascar avec la réforme du code minier. L’initiative a été lancée en novembre 2019 et le processus suit son cours. D’une part le contenu de cette réforme ne nous parait pas prendre en compte la situation actuelle, d’autre part, elle ne semble pas forcement opportune par rapport à un contexte où la priorité devrait être donnée à la relance et au soutien du secteur. Nous sommes également inquiets par rapport au calendrier. Il n’est pas objectivement raisonnable de conduire une réforme aussi impactante dans des délais aussi courts que semble envisager l’administration. Quoiqu’il en soit, la chambre des mines participe activement à ce débat. Le processus se veut inclusif, participatif. On souhaite que la réforme qui sortira de ce processus soit équilibrée. On comprend les attentes de l’Etat par rapport à l’augmentation des contributions du secteur minier, mais il ne faut pas non plus que cette réforme s’inscrive à contre-courant et soit une source supplémentaire de fragilisation du secteur.

– Ma-LAZA : Quel serait votre mot de la fin ?
– Jean Luc Marquetoux : Il faut revenir à la normalité concernant le traitement des permis miniers. Certaines sociétés attendent leurs permis depuis près de dix ans. D’autres avaient des permis de recherche et sont en cours de demande de renouvellement auprès du Bureau du Cadastre Minier de Madagascar BCMM. Bon nombre ont continué à payer des frais d’administration minière, estimant qu’il s’agit d’une garantie objective pour continuer à pouvoir jouir du permis. Il importe de rétablir l’attractivité et la compétitivité de Madagascar, le secteur minier constituant un levier de croissance de l’économie.

Propos recueillis par Claudia R.


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