Mgr Odon Razanakolona : “Le pays n’a pas de politique éducative réfléchie”

Mgr Odon Razanakolona : “Le pays n’a pas de politique éducative réfléchie”

«Madagascar souffre du manque de politique éducative réfléchie et efficace pour faire changer de paradigme une société bien souvent récalcitrante aux mutations à l’exemple de l’utilisation de déchets comme source d’énergie, et même résistante au changement en matière de développement, à l’exemple de l’utilisation de la technique du Système de Riziculture Intensive (SRI) plus contraignant certes, mais ô combien largement plus rentable». C’est en ces termes que s’est exprimé, hier, Monseigneur Odon Razanakolona, Archevêque d’Antananarivo et Grand Chancelier de l’Université Catholique de Madagascar dans le cadre du Colloque sur le thème «Les défis de l’Education et de la formation des enseignants et des éducateurs à Madagascar du point de vue de leur pratique et de leur milieu».
Selon ses dires, le programme scolaire d’enseignement ne permet pas de maîtriser la connaissance et le savoir sur les ressources naturelles renouvelables et non-renouvelables que ce soit au niveau de l’espace territorial que des enjeux géographiques, que ce soit au niveau des usages possibles que des connaissances scientifiques liées. Il estime qu’il importe de prendre le taureau par les cornes. «Le non-développement de Madagascar a à voir avec les tâtonnements et les errements du système éducatif qui ne répond pas aux besoins des challenges du temps présent et des enjeux futurs, ainsi que des réalités géostratégiques et géopolitiques de notre espace stratégique».
L’on constate que les offres de formation ne répondent pas aux besoins en ressources humaines et techniques pour l’exploitation et la transformation industrielle et technologique de nos ressources naturelles nécessaire à l’essor du pays. Ainsi, il nous faut répondre à des spécialisations et à des filières multidisciplinaires de plus en plus pointues mais également à la nécessité de faire émerger des investisseurs nationaux leaders capables d’innover et d’être concurrentiels et compétitifs au niveau national qu’international pour tirer les opérateurs nationaux vers le haut. Entre les déclarations d’intentions d’améliorer l’éducation de base et universitaire et les réalités observées, le décalage est énorme. Beaucoup veulent s’enrichir «bizna» sans travailler à la sueur de leur front et de leur génie positif et créateur, a indiqué Monseigneur Odon Razanakolona. Aujourd’hui, l’enseignement à Madagascar a un double défis à relever, d’un côté, il s’agit d’intégrer la plus grande masse possible de la population à être éduquée et à être formée pour assurer le développement, et de l’autre, répondre aux besoins d’une formation d’élite pour faire face à l’innovation, aux compétitions, à l’anticipation et à la guerre d’intelligence. La refondation de l’enseignement et la formation des enseignants est le grand chantier de l’éducation nationale. Elles constituent un pilier essentiel pour rendre la politique d’éducation efficace.

Recueillis par C.R

Imprimer Imprimer
Ce contenu a été publié dans Ma-LAZA. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.