Le contexte pré-électoral ambiant attisant le besoin de financement des différents candidats, peut générer des tentations liées au commerce de bois de rose. Les réseaux impliquent généralement des élus, des personnalités politiques, des opérateurs… Transparency International Initiative Madagascar et l’Alliance Voahary Gasy tirent la sonnette d’alarme.
Trois candidats aux élections présidentielles sont impliqués dans le trafic de bois de rose, ont révélé hier Transparency International Initiative Madagascar (TI-IM) et l’Alliance Voahary Gasy (AVG) au cours d’une rencontre avec la presse. Les noms ont été dévoilés plutôt dans le rapport d’investigation réalisée par des journalistes de l’OCCRP Organized Crime and Corruption Reporting Project, auquel ces deux entités ont été sollicitées pour réagir.
Les efforts fournis par le gouvernement sont de façade et ne reflètent pas une volonté réelle de démanteler les réseaux impliquant des élus et des personnalités politiques, depuis la coupe dans les aires protégées, jusqu’à leur commercialisation et exportation illégale. Ces manœuvres semblent être motivées par le désir de conserver les financements internationaux destinés à inventorier et contrôler les stocks existant de bois de rose, voire de sécuriser des moyens financiers dans le contexte des élections à venir.
«Plusieurs négociants en bois, ainsi que des responsables du ministère de l’Environnement qui ont choisi de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat, ont affirmé qu’ils s’attendaient à une augmentation du trafic de bois de rose avant les élections du mois de novembre», peut-on lire dans le rapport. Face à une telle situation, les responsables de Transparency International et l’AVG exhortent les candidats aux élections présidentielles à faire publiquement état de leur position sur le sujet durant leur campagne électorale, en précisant les mesures qu’ils préconisent pour mettre définitivement fin au trafic de bois précieux, tout en sachant que l’investigation menée par l’OCCRP démontre l’implication présente ou passée de certains d’entre eux dans ce trafic.
Ndranto Razakamanarina, président de l’Alliance Voahary Gasy a cité d’autres noms de personnes impliquées notamment des membres du gouvernement dont certains occupent actuellement d’autres fonctions. La classe politique du pays demeure étroitement liée au secteur de l’exploitation forestière et certains négociants siègent même au parlement. La facilitation du commerce illégal de bois précieux est un crime environnemental international, vis-à-vis duquel les auteurs doivent répondre judiciairement de leurs actes, a tenu à préciser Frédéric Lesné, directeur exécutif de TI-IM.
Vente des stocks de bois de rose
Pour rappel, le gouvernement malagasy de vendre les stocks de bois de rose saisis (28.523 rondins) et déclarés par des propriétaires privés (274.111 rondins), mais la Cites n’a pas encore donné son feu vert. La prudence est de mise puisqu’une telle décision risque de réactiver les réseaux dormants du trafic et de permettre des transactions illégales sous couvert d’opérations autorisées. Ketakandriana Rafitoson, n’a pas manqué de préciser au cours de la rencontre avec la presse hier, que les bois fraîchement coupés coutent beaucoup plus chers que les bois précieux stockés. Une réelle volonté politique est requise pour endiguer ce fléau.
C.R
Imprimer
