Une mission d’assistance technique du Fonds Monétaire International s’est tenue dans nos murs du 21 février au 07 mars dernier. Cette mission fut une occasion pour la délégation du Fonds de présenter les points saillants de la gestion des investissements publics à Madagascar depuis l’année 2016 mais aussi de rencontrer les nouvelles autorités étatiques.
La relation de travail du Fonds Monétaire International (FMI) avec les autorités étatiques actuelles est très constructive à entendre son représentant résident à Madagascar Marc Gérard. La semaine dernière, il s’est entretenu avec Augustin Andriamananoro, Directeur Général des Projets Présidentiels et son équipe. «C’était essentiellement une visite de prise de contact pour nous permettre de comprendre comment les nouvelles autorités entendaient s’organiser pour mettre en œuvre les projets présidentiels. Nous avons surtout été à l’écoute», précise le numéro un du FMI à Madagascar. Nul besoin de rappeler que l’objectif de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) est de favoriser une croissance inclusive, augmenter les enveloppes pour des dépenses d’éducation et de santé et augmenter les enveloppes budgétaires pour faire des investissements publics. Ce sont des objectifs qui sont cohérents avec ceux de l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar (IEM).
Le sujet a été discuté, aux côtés de Benoit Taiclet, Senior Economist du bureau FMI Washington dans le cadre de la mission d’assistance technique du Fonds Monétaire International sur les investissements publics à Madagascar. Le problème n’est pas tellement de mobiliser plus de ressources pour les investissements publics, c’est de l’exécuter. Jusqu’à récemment, toutes les promesses d’investissement n’étaient pas exécutées et ne se traduisaient pas en projets concrets. Le taux d’exécution avoisine les 70%, selon les précisions de notre interlocuteur. «C’était une très bonne chose d’expliquer comment améliorer l’efficacité de l’investissement avec une structure qui va être en charge d’arbitrer les projets présidentiels». Marc Gérard, représentant résident du FMI recommande que la direction générale en charge des projets présidentiels fasse ses arbitrages. L’expérience du FMI prouve qu’une fois la décision politique prise, il faut que cela passe par une adoption en conseil des ministres pour que tous les déboursements se fassent. L’exécution est ensuite laissée aux ministères avec tous les contrôles pour que l’argent soit effectivement dirigé et dépensé dans les domaines qui ont été arbitrés au niveau politique.
Nécessité d’une stratégie
La mission d’assistance technique du FMI a mis en exergue l’importance d’une stratégie définie par l’Etat malagasy et c’est d’ailleurs l’objectif de la direction générale des projets présidentiels. «La vision est là, mais il faut également une stratégie d’investissement et de choix de grands projets. Il ne faut pas que ces grands projets soient proposés par des acteurs privés. Il faut que ce soit les autorités qui décident d’abord». Les apporteurs de projets doivent ensuite s’insérer dans cette vision, poursuit le représentant résident du FMI. Il ne faut pas se laisser imposer son agenda par l’extérieur. Le ministre de l’Economie et des Finances doit par ailleurs avoir son mot à dire sur les projets qui se traduisent tous par des financements. A noter au passage qu’à Madagascar, l’investissement public et l’investissement privé sont complémentaires. Il n’y aura pas d’investissement privé suffisant si l’investissement public n’est pas au rendez-vous. Cela requiert une augmentation des recettes, une priorisation des dépenses ainsi qu’une stratégie d’investissement afin d’obtenir les résultats escomptés.
De source auprès du ministère de l’Economie et des Finances dirigé par Richard Randriamandrato, l’on apprend que l’administration s’orientera sur les quatre axes stratégiques concertés avec le FMI afin d’améliorer la gestion des investissements publics. Il importe d’avoir une vision pour l’investissement comme levier de l’émergence, asseoir la programmation sur les besoins du pays, réduire les délais de gestion et renforcer les filets de sécurité, et assurer la sauvegarde du patrimoine public. De surcroit, la Stratégie de développement national 2020-2025 de mise en œuvre de l’IEM sera bientôt élaborée en vue d’une adoption en Conseil des Ministres.
Claudia R.
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