Le Parc National Ankarafantsika représente l’un des 5 sites labellisés RAMSAR gérés par Madagascar National Parks avec le Complexe de six lacs permanents entourés de forêts denses sèches abritant des espèces d’oiseaux d’eau menacées et des espèces de poissons endémiques et en danger, ainsi que la tortue d’eau douce endémique Rere. Riche en faune et flore, il subit cependant de nombreuses pressions et est fortement menacé. Il est plus que jamais urgent de le protéger.
“Depuis Août 2018 à ce jour, environ 2 à 3 autobus en provenance du Sud de la Grande île arrivent par semaine aux alentours d’Ankarafantsika. Un autobus transporte en moyenne une cinquantaine de personnes. Ces migrants sont invités par des «patrons» à renforcer l’équipe de main-d’œuvre qui défriche le Parc National d’Ankarafantsika dans le but de pratiquer des cultures de maïs et de haricots”, déplore le Directeur dudit Parc. La pratique du défrichement suivi d’incinération dans des fourrés secs, accélère le processus de savanisation, la baisse de fertilité du sol et l’ensablement des bas-fonds de la plaine rizicole de Marovoay. Le nombre de migrants ne cesse d’augmenter et ils sont à la recherche continue des terrains fertiles. Etant obligés de rembourser leurs frais de transport lors de la prochaine récolte, les nouveaux venus doivent assurer en même temps le paiement de leur dette et leur survie. Un fait qui aggrave les pressions anthropiques telles que la coupe illicite, la carbonisation, la chasse et le braconnage qui s’abattent sur cette Aire Protégée.
Actions entreprises par le Parc National Ankarafantsika
Tout au long de l’année, les missions de sensibilisation au niveau des villages ainsi que la lutte contre les feux ont toujours eu lieu. Madagascar National Parks a également entamé des échanges avec les entreprises, plus grand acheteur, de maïs de la Grande Ile. L’objectif étant de les sensibiliser à exiger de leurs fournisseurs le respect de l’environnement. Le lobbying mené par Madagascar National Parks auprès des autorités régionales compétentes dont la Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable, la Région Boeny, la Préfecture de Mahajanga a fini par l’obtention d’un arrêté préfectorale autorisant la destruction des cultures illicites au sein de l’Aire Protégée. Pour la mise en œuvre de cet arrêté, de janvier à février 2018, les autorités régionales ont engagé les éléments de l’EMMOREG dirigés par les agents de la DREDD Boeny pour détruire les cultures illicites étalées sur 30 hectares au sein du Parc National Ankarafantsika.
En dépit de ces différentes actions, la superficie des terrains défrichés et suivis d’incinération pour la culture de rente n’a cessé d’augmenter. En effet, la superficie des terres défrichées puis cultivées, recensés au début de cette année 2019, a atteint les 67,62 hectares soit plus que le double de l’année dernière. Le prix d’un sac de maïs à 110.000 Ar reste toujours très attractif pour les migrants.
Appel à l’aide
Mises à part les cultures illicites, la recrudescence des coupes des bois à l’intérieur du Parc s’intensifie en parallèle avec la multiplication des entrepôts de charbon installés le long de la route RN4 entre les Communes Rurales de Marosakoa et d’Ambondromamy. La distribution des emballages aux charbonniers des villages d’Ambarinjanahary, de Madiromaroanaka et de Betara- mahamay par des «patrons» pour faciliter le transport des charbons vers les lieux d’embarquements par les camionneurs à destination de la ville de Mahajanga a envenimé la situation. A ce rythme de dégradation actuelle, ce réservoir d’eau finira par disparaitre dans très peu de temps. Dépassée par la situation, Madagascar National Parks à travers le Parc National Ankarafantsika a envoyé une doléance auprès des autorités régionales et a invité les hauts responsables de la Région Boeny et de la DREDD à voir de visu les différentes pressions qui sévissent sur l’Aire Protégée Ankarafantsika au vu d’une réunion d’urgence pour l’élaboration d’un plan d’action incluant les différents ministères concernés (intervention intersectorielle) pour la sauvegarde de ce site. Des réunions intersectorielles ont eu lieu le 02 et 03 avril dernier et ont vu la participation des représentants des différents ministères concernés (transport, population et agriculture), des maires des communes avoisinantes, des Tangalamena et le Président de l’association des Antandroy. Un plan d’action a été élaboré et sera validé par les décideurs régionaux. En attendant, Madagascar National Parks lance une nouvelle fois un appel à tous les concernés pour la sauvegarde de ce Parc National dont la faune et la flore méritent qu’on s’y attarde pour sa nature inégalée, son authenticité et sa générosité.
Recueillis par C.R
Imprimer
