L’heure est grave. La situation de la Jirama s’apparente à une bombe à retardement. Il faut la désamorcer à temps pour éviter qu’elle n’explose et ne fasse des dégâts. Les résultats d’une étude menée par le cabinet international Castalia et Mazars Fivoarana sur les problèmes de la Jirama et la feuille de route pour son redressement ont été présentés à la presse hier, au bureau de la Banque Mondiale à Anosy.
“Sans intervention rapide, le déficit de la Jirama va se creuser, et les pertes annuelles culmineront à près de -1400 milliards d’Ariary en 2025”. C’est l’une des conclusions de l’étude présentée hier par le Cabinet Castalia à la Banque Mondiale Anosy. La Jirama a accumulé des arriérés de plus de 1.600 milliards d’Ariary au 30 juin 2019. En 2018, les revenus tarifaires n’ont permis de couvrir que la moitié des coûts : le coût moyen opérationnel était de 983 Ar par kWh, alors que le tarif moyen était de 516 Ariary par kWh. La Jirama a perdu 290 milliards d’Ariary en 2018, malgré une subvention de 315 milliards d’Ariary.
La Banque Mondiale s’est engagée pour fournir des garanties partielles de risques pour faciliter l’investissement privé dans le secteur, précise Jan Friedrich Kappen, spécialiste principal en Energie. La Banque Mondiale a aussi mobilisé des fonds importants pour assister la Jirama et le gouvernement pour développer un plan de redressement réaliste avec une feuille de route fiscale et budgétaire, ce qui démontre que la Jirama ne va pas continuer à être dépendante de l’Etat.
Augmentation tarifaire
«Il va falloir prévoir une augmentation progressive des revenus tarifaires. Pour ce qui est du tarif moyen général, une augmentation totale entre 10 à 13% pour revenir au niveau de 2008 en termes réels», selon les précisions apportées par Gianmarco Servetti du Cabinet Castalia. Une étude tarifaire est actuellement en cours avec la Banque Mondiale pour déterminer comment protéger les ménages les plus fragiles et préserver la compétitivité des entreprises malgaches, notamment à travers des mesures d’accompagnement comme l’efficacité énergétique. Cette augmentation des revenus est justifiée si la Jirama assure une qualité de service supérieure. Une telle mesure permettra de combler les deux tiers du déficit de la Jirama afin d’assurer l’équilibre opérationnel à la fin de l’année 2025.
Amélioration de la qualité de service
Grâce au soutien des bailleurs et notamment la Banque Mondiale avec le projet PAGOSE, des actions sont menées pour lutter contre les fraudes et détournements, l’optimisation de la production dans les centres isolés, la baisse des coûts de carburant, la lutte contre les pertes techniques et l’amélioration du service client, notamment par la dématérialisation du système de paiement. Ces améliorations permettront à la Jirama d’économiser jusqu’à 366 milliards Ariary annuel en moyenne entre 2020 et 2030 et résorber ainsi le tiers du déficit restant.
Renégociation de contrats
La révision des contrats thermiques principaux permettra de réduire à moitié le besoin de subvention. Une renégociation fructueuse permettrait à la Jirama d’économiser 193 milliards Ariary par an entre 2020 et 2030. Les fonds ainsi économisés pourront être mobilisés pour d’autres secteurs critiques pour l’émergence de Madagascar (santé, éducation, transport).
Ces différentes réformes doivent aller de pair avec une refonte de la gouvernance du secteur. Par ailleurs, les passations de marché devront se faire de manière transparente, structurée, concurrentielle et selon le Plan de Développement à Moindre Coût, financé par la Banque Mondiale. Les décisions d’investissement dans les grands projets seront fondées sur des considérations purement économiques.
C.R
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