Le secteur Tourisme a sans doute été le premier à avoir été impacté par la crise sanitaire et il sera également le dernier à pouvoir se relever. Lors d’une interview accordée à la Rédaction, Njaka Ramandimbiarison, administrateur de la Confédération du Tourisme de Madagascar (CTM) brosse un tableau plutôt sombre. Davantage d’écoute et d’ouverture de l’Etat sont nécessaires pour voir enfin la lumière… au bout du tunnel.
Ma-LAZA : Si vous avez à élaborer un diagnostic du secteur Tourisme, comment se porte-t-il actuellement ?
Njaka Ramandimbiarison : Le secteur tourisme se porte très mal… Même à l’international, le secteur tourisme est fortement impacté. La reprise n’est envisageable que vers le dernier trimestre 2020, voire en 2021 pour Madagascar. Les mesures d’aide et de soutien, fournies par l’Etat malagasy, notamment les crédits au secteur privé ne sont pas suffisantes, compte-tenu de la gravité de la crise. Aujourd’hui, plusieurs entreprises ne fonctionnent plus, certaines entreprises ne sont même plus en mesure de rémunérer leurs salariés à la fin de ce mois de Juin et ne pourront d’ailleurs pas opérer les prochains mois, puisqu’il n’y aura malheureusement pas de clients. C’est un bilan assez sombre que l’on dresse actuellement.
Ma-LAZA : Pourrait-on estimer les pertes engendrées ?
Njaka Ramandimbiarison : Pour le secteur Tourisme, les pertes sont estimées à près 1.900 milliards d’Ariary pour cette année 2020. Il faut préciser que le secteur Tourisme contribue à 7% du PIB de Madagascar. Il fait vivre 44.000 emplois directs et plus de 300.000 emplois indirects. La crise sanitaire impacte ainsi sur la vie de 1.500.000 malgaches.
Ma-LAZA : L’Etat n’a annoncé à ce jour aucune mesure économique concrète au profit du secteur tourisme. Qu’en pensez-vous ?
Njaka Ramandimbiarison : C’est justement ce qui nous déçoit. En tant que secteur privé, on se sent délaissé dans le traitement de la crise. Nous sommes pourtant le premier secteur impacté et nous allons définitivement être le secteur à se relever en dernier. Cela est désolant !
Ma-LAZA : Vous avez déjà élaboré un plan de mitigation du secteur privé tourisme. Parmi les mesures suggérées par la Confédération du Tourisme, lesquelles devraient, selon-vous, être retenues dans le plan multisectoriel d’urgence ?
Njaka Ramandimbiarison : S’il fallait retenir trois choses des différentes mesures proposées dans le plan de mitigation, ce serait le maintien de l’emploi pour faire en sorte que nos collaborateurs continuent à travailler. Ils pourront à leur tour payer leurs charges personnelles. Nous avons également sollicité un soutien spécifique aux entreprises pour leur permettre de passer ce cap difficile. Nous devons continuer à opérer, à moins que l’Etat ne prenne la responsabilité d’une avalanche de fermeture et de dépôt de bilan. Un dernier point consiste à améliorer ou maintenir l’employabilité à travers notamment des formations face au contexte.
Ma-LAZA : Qu’attendez-vous donc de la rencontre de l’Etat avec le secteur privé ?
Njaka Ramandimbiarison : Nous espérons que le débat reste ouvert. Nous espérons pouvoir avancer des points importants qui n’ont pas été annoncés lors du discours à la nation du 14 Juin. Nous espérons pouvoir soumettre des éléments concrets de notre plan pour que le président, le Premier ministre et le gouvernement puissent valider les mesures additionnelles. Nous attendons une ouverture au dialogue.
Ma-LAZA : Quel serait votre mot de la fin ?
Njaka Ramandimbiarison : Le combat sera difficile. Il faut que l’Etat fasse encore plus preuve d’ouverture et d’écoute à l’encontre du secteur privé. La situation actuelle ne doit pas dégénérer en une crise sociale qui risque de déstabiliser inutilement un régime déjà fatigué par la crise sanitaire. De bonnes décisions et des mesures concrètes devraient sortir de la rencontre de ce mercredi.
Propos recueillis par Claudia R.
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