Jour J pour la rencontre tant attendue du secteur privé avec l’Etat. Les yeux seront braqués sur le Palais d’Etat d’Iavoloha qui devra abriter cette rencontre dans l’après-midi, sauf changement de dernière minute. Thierry Rajaona, président du Groupement des Entreprises de Madagascar, livre son point de vue.
“L’Etat prend désormais en main les difficultés économiques auxquelles le secteur privé est confronté », réagit Thierry Rajaona, président du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) suite à l’intervention télévisée du président Andry Rajoelina dans la soirée du 14 Juin dernier. «Nous attendons de la rencontre de demain (ndlr, ce jour) un véritable dialogue » poursuit notre interlocuteur. Lorsque les entreprises du secteur privé vont mal, cela se répercute automatiquement sur les recettes publiques. «La santé des entreprises devrait ainsi constituer une priorité de l’Etat». Le secteur privé est le mieux placé pour connaître les maux qui gangrènent les opérateurs économiques, d’où l’importance des échanges avec le Chef d’Etat et le gouvernement afin de trouver ensemble le remède qui permettra de soutenir le secteur privé et d’assurer la relance économique.
Trois mesures ont été annoncés par le président Andry Rajoelina dans son intervention télévisée du 14 Juin dernier, à savoir la possibilité pour les entreprises de travailler jusqu’à 17h, sauf dans une poignée de districts. S’y ajoutent les 40 millions USD qui permettront aux PME et PMI de contracter des prêts à taux réduit. « Une chose a été omise : les garanties qui constituent pourtant une condition permettant aux banques d’allouer des crédits. Par ailleurs, aucune précision n’a encore été apportée au sujet du taux. S’agit-il d’un taux à 0%, 2% ; 3%….En tout cas, cela ne devrait pas dépasser les 7 ou 8%», précise le président du GEM. Si l’on tient compte d’une période de crise de 2 ou 3 mois, ce montant semble suffisant. Mais pour la relance économique proprement dite, une somme plus conséquente est requise. «De surcroît, le soutien apporté ne doit pas se limiter aux PME et PMI mais concerner également les grandes entreprises ». Thierry Rajaona estime qu’un soutien financier doit être accordé aux entreprises en matière de crédit de trésorerie pour qu’elles puissent sortir la tête hors de l’eau.
Un plan Marshall de 1.043 milliards d’Ariary qui a pour but de « construire et de reconstruire » a également été annoncé par le président Andry Rajoelina. «Ce Plan Marshal ne devrait pas se limiter au secteur du bâtiment et des travaux publics, mais s’étendre également à l’industrie et au tourisme, entre autres » de l’avis de Thierry Rajaona. «Si l’on souhaite qu’une telle initiative ait des impacts réels sur l’économie en général, les infrastructures à réaliser devraient avoir des potentiels économiques».
Quid des travailleurs ?
Pour la rencontre prévue, Le président du GEM n’a pas manqué de précisé que « jusqu’à présent, l’Etat n’a annoncé aucune mesure au profit des travailleurs qui se retrouvent sans emploi en raison de la crise sanitaire. Et pourtant le secteur informel a bénéficié de nombreux appuis. L’importance du chômage technique varie d’un secteur à un autre. Il est par exemple de 60% dans le secteur minier, 50% chez les industriels, 60% dans le BTP…D’autres secteurs n’ont pas procédé au chômage technique, mais sont confrontés à une réduction d’activités (-25% dans les télécommunications et -50% pour le groupement des concessionnaires automobiles)». Ce qui se traduit par des dizaines de milliers d’emplois sans compter les licenciements.
La question qui se pose est : le secteur privé sera-t-il réellement entendu ?
Claudia R.
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