L’agriculture certifiée biologique contribue à la formalisation du monde rural. Ce secteur est appelé à jouer un rôle majeur. Gaëtan Etancelin, président du Syndicat malgache de l’agriculture biologique (SYMABIO) a bien voulu donné un aperçu général du secteur à la rédaction.
-Ma-LAZA : Comment définissez-vous l’agriculture biologique et qu’elle est la situation à Madagascar ?
-Gaëtan Etancelin : L’agriculture biologique est un mode de culture alliant tradition, innovation et science. Au regard des 164 pays ayant adopté la technique d’agriculture biologique, Madagascar se situe au 18ème rang mondial en termes d’exploitants. Par rapport au 36 pays producteurs en Afrique, Madagascar est au 4ème rang. Nous sommes numéro un mondial en bio en matière de vanille, de crevettes, de girofle et d’huile essentielle d’ylang-ylang. Le marché du bio est estimé aujourd’hui à 110 milliards USD dans le monde.
-Ma-LAZA : Peut-on avoir une idée de la part du bio dans l’agriculture à Madagascar ?
-Gaëtan Etancelin : La culture biologique à Madagascar couvre une superficie de 110.000 à 125.000 ha. C’est faible par rapport à la surface agricole de Madagascar. Le secteur représente à peu près 94 millions d’Euros de chiffre d’affaires. Nous exportons surtout vers la France, l’Allemagne, l’Italie, mais également, vers les Etats-Unis et le Japon. Les commandes portent notamment sur les huiles essentielles bio, crevettes, cacao, huile de palme, épices (cannelle, girofle, poivre). Mais la demande dépasse largement l’offre.
–Ma-LAZA : Une convention a été signée le 23 septembre dernier à Antsakaviro entre le programme Fihariana et le SYMABIO. En quoi consiste ce partenariat ?
– Gaetan Entancelin : Il consiste tout d’abord à massifier l’agriculture biologique. Avec les 60 entreprises adhérentes, nous travaillons aujourd’hui avec plus de 25.000 paysans en milieu rural, parfois dans des zones très enclavées. Nous espérons travailler avec 200.000 paysans grâce à ce partenariat avec Fihariana. Pour les aider, il faudra payer leur reconversion en bio. Ensuite, un appui sera apporté à tout ce qui est matériel, outillage, semences bio certifiées. Enfin, des centres d’excellence en bio seront mis en place en rapport à tout ce qui est savoir autour du bio. Le partenariat entre SYMABIO et Fihariana permettra ainsi d’accélérer le dynamisme de l’entrepreneuriat rural.
-Ma-LAZA : Quels sont les obstacles rencontrés par le secteur ?
-Gaëtan Etancelin : Nous avons des préoccupations majeures pour toutes les filières agricoles du pays face au risque de mauvaises utilisations des 13.842.493 moustiquaires imprégnées d’insecticides à effet durable du plan stratégique national de lutte contre le paludisme. Ne serait-il pas mieux de produire des moustiquaires sans produit à partir de nos champs de coton, nos usines textiles et de combiner avec des « ady gasy bio» en plantant des tomates ou de la citronnelle ?…
-Ma-LAZA : Le contexte sanitaire a-t-il impacté le secteur de l’agriculture biologique ?
– Gaëtan Etancelin : L’état d’urgence sanitaire a démontré que le secteur agriculture biologique est incon-
tournable. Tout le monde souhaite consommer des produits sains et respectueux de l’environnement. La demande n’a d’ailleurs cessé de croître durant la pandémie.
Je tiens à préciser que la loi sur l’agriculture biologique a été adoptée cette année. L’élaboration de la stratégie nationale de l’agriculture biologique est actuellement en cours. Le SYMABIO tient également à apporter son appui à la création d’une agence de promotion des exportations. C’est un outil nécessaire et indispensable à l’appui aux exportateurs et au rayonnement du vita malagasy
-Ma-LAZA : Quel serait votre mot de la fin ?
-Gaëtan Etancelin : L’atteinte des Objectifs de développement durable 2030 requiert un monde des affaires qui produit de la valeur ajoutée, qui considère à la fois l’aspect environnemental et prend en compte le volet social. L’agriculture biologique nous permettra de respecter ces engagements. Elle permettra également l’émergence d’un tissu économique en milieu rural performant et à même de se positionner sur un marché international compétitif.
Propos recueillis par Claudia R.
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