Foire Internationale de Madagascar, Salon de l’Industrie de Madagascar, Salon Internationale de l’Habitat…constituent autant d’événements économiques organisés par l’Agence Première Ligne. Mais cette année, contexte sanitaire oblige, de nombreux rendez-vous dont la notoriété dépasse nos frontières ont dû être annulés. Le médiateur économique Michel Domenichini Ramiaramanana, président de l’Agence Première Ligne a partagé son point de vue lors d’une interview exclusive accordée à la rédaction.
– Ma-LAZA : Les activités économiques ont été impactées par la crise. Comment l’Agence Première Ligne a vécu les trois premiers trimestres de l’année, et comment allez-vous faire face aux prochains mois ?
– Domenichini Ramiaramanana : Cette année qui n’est pas encore finie, nous n’avons pas pu réaliser les plateformes économiques que nous avons l’habitude d’organiser. On rentre actuellement dans une économie de distanciation qui va nous amener à modifier la façon dont nous allons communiquer. Il est toujours dommageable pour une entreprise lorsqu’elle ne peut pas mener normalement ses activités. Mais le côté positif de mon point de vue, en tant qu’émergentiste, c’est que cette crise aura révélé les faiblesses et les atouts que peut avoir Madagascar pour son développement. Nous allons nous placer dans une nouvelle perspective et être en mesure de proposer des choses novatrices. Le propre d’un chef d’entreprise, c’est d’entreprendre, ce qui veut dire qu’il va falloir rapidement reconstituer sa trésorerie. Le chef de l’Etat est attentif au devenir du secteur privé et nous serons en mesure de sortir par le haut.
– Ma-LAZA : Initialement, combien d’événements économiques avaient été prévus pour cette année 2020 ?
– Domenichini Ramiaramanana : Nous avons prévu cinq événements cette année. Nous allons devoir ramener cela à deux, que nous allons réaliser, je l’espère, au cours de ce dernier trimestre 2020. L’événement sera replacé dans son contexte. Il faut remobiliser les consommateurs qui ont été confinés et remettre en mode opératoire le secteur privé pour lui donner des perspectives. Je peux déjà dévoiler que le Salon International de l’Habitat et des Travaux Publics pour valoriser le plan Marshall annoncé par le président de la République. Madagascar est en chantier. C’est une chose inédite dans notre histoire économique. Nous aurons aussi un salon 4 M « Madagascar Mijoro Miray hina, Mifaly » pour montrer comment on peut redonner le plaisir de consommer pour le consommateur lambda et comment revaloriser ce qui peut être purement « vita malagasy » en se tournant aussi vers l’extérieur.
-Ma-LAZA : Vous avez parlé de faiblesses de Madagascar. Quelles sont-elles et comment y pallier?
– Domenichini Ramiaramanana : Les faiblesses, ce sont les cadres juridiques. Il faut que les règles du jeu soient claires. Si nous voulons mobiliser les investissements directs nationaux et étrangers, il faut que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde et qu’il n’y ait pas de «facilité » possible pour certains opérateurs (…). Les importations illicites impactent fortement l’économie nationale et l’appréhension du « doing business ». Les nationaux sont les premiers à ne pas avoir confiance à l’économie de leur propre pays. Nous devons changer cela. Le Plan Emergence Madagascar avec les 13 velirano du président doivent rétablir cette confiance. Chacun doit se dire qu’il a sa place et son rôle à jouer dans l’économie nationale.
-Ma-LAZA : A votre avis, quelle leçon les opérateurs économiques peuvent tirer de cette crise?
– Domenichini Ramiaramanana : La volonté de reconquérir la souveraineté industrielle est aujourd’hui indispensable à travers notamment les fameux ODOF « One District One Factory ». La meilleure leçon que l’on peut tirer de la pandémie c’est de localiser à Madagascar des industries performantes et profitables à l’ensemble des consommateurs. Si on veut bénéficier de ce que l’on appelle dans le jargon une «économie d’échelle », nous devons également avoir une vision à l’exportation à commencer par les îles voisines et pourquoi pas ailleurs dans le monde. Nous avons énormément d’atout que nous n’avons pas encore eu l’occasion de valoriser. Le concept même d’émergence doit arriver à rééquilibrer notre balance commerciale qui est extrêmement déficitaire. C’est pour cela que l’Ariary plonge, on a trop de produits entrants alors que nous devons être capables de proposer une alternative sur place.
-Ma-LAZA : Comment voyez-vous les prochaines années ?
– Domenichini Ramiaramanana : Je suis totalement confiant et optimiste puisque nous avons un président de la République qui s’est mis en mode d’action positive. Il prend des décisions et il est capable, à travers sa vision de l’émergence de mener ce pays le plus loin possible. Les autres pays qui ont emprunté la voie de l’émergence ont, dans leur ensemble, tiré un résultat positif. Je ne vois pas pourquoi Madagascar ne pourrait pas avoir le même résultat.
La question de l’artemesia n’est pas anodine. Elle a permis à notre président de se donner une visibilité mondiale au point d’attirer un certain nombre de pays africain vers notre pays. Avec un président comme celui-là, nous sommes en train de donner à Madagascar la possibilité de faire un bon en avant en matière d’économie. Favoriser l’émergence d’une classe moyenne solvable est un objectif majeur à travers le Plan Emergence Madagascar.
-Ma-LAZA : Quel serait votre mot de la fin ?
– Domenichini Ramiaramanana : Mon mot de la fin c’est que nous soyons en capacité de dire dans trois ans, que nous aurons tout fait pour que Madagascar rejoigne à minima le niveau économique qui fut le sien en 1969. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement CNUCED avait rayé Madagascar de la liste des pays pauvres en 1969. Nous avons des cadres malgaches parfaitement efficaces et efficients. Il suffit de mettre la bonne personne à la bonne place. C’est la démonstration qu’il nous faut faire. L’échec n’est pas une option, le résultat sera au rendez-vous de ce travail !
Propos recueillis par Claudia R.
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