L’économie du pays a été mise à mal en 2020. Pourra-t-elle se redresser cette année ? La reprise sera progressive selon la Banque Mondiale. Les prévisions de cette institution de Bretton Woods diffèrent cependant de celles de la LFI 2021.
En 2021, un taux de croissance économique de 4.5% est attendu selon les prévisions de la Loi de Finances Initiale. Pour sa part, la Banque Mondiale estime qu’«à Madagascar, la reprise économique attendue pour 2021-2023 sera progressive et pavée d’obstacles ». Marc Stocker, économiste principal de cette institution à Madagascar précise que «l’économie ne devrait enregistrer qu’une croissance d’environ 2% en 2021, ce qui ne suffira pas à faire augmenter le revenu moyen par habitant ». Une telle estimation de croissance reste incertaine selon ses dires, puisqu’elle dépend entre autres de l’évolution de la pandémie.
Malgré la récente découverte de vaccins, la résurgence des cas de COVID-19 en Europe et aux États-Unis pourrait se prolonger au-delà des prévisions actuelles, tandis qu’une deuxième vague pourrait affecter Madagascar. «Dans un tel cas de figure, la contraction de l’économie pourrait se poursuivre en 2021 et se solder au bout de deux ans par un bilan bien plus lourd que celui de la crise constitutionnelle de 2009. À ce risque pourraient en outre s’ajouter d’autres chocs, comme des catastrophes naturelles ou des troubles sociaux attisés par la persistance des difficultés économiques » craint la Banque Mondiale. Le rapport récemment publié par cette institution de Bretton Woods fait également état de risques budgétaires liés notamment aux pressions financières pesant sur la Jirama et la compagnie Air Madagascar. Des plans de redressement crédibles pour garantir la viabilité financière et opérationnelle de ces entreprises sont indispensables.Sur le court terme, la priorité du gouvernement reste de répondre à la crise de la COVID-19 en déployant des mesures d’urgence efficaces destinées à sauver des vies, préserver les entreprises productives et les emplois. Des interventions supplémentaires seront nécessaires pour prévenir une deuxième vague de la pandémie de COVID-19 à Madagascar. « Les mesures de protection sociale et de soutien au secteur privé existantes devraient être intensifiées si la crise persiste en 2021 » anticipe la Banque Mondiale.
Une stratégie de relance forte et durable devra s’appuyer sur des réformes ambitieuses visant à stimuler l’accès au marché, accélérer la numérisation de l’économie, renforcer la qualité des investissements publics dans les infrastructures et le capital humain, et à renforcer la productivité agricole et la sécurité alimentaire. « La mobilisation de ressources intérieures supplémentaires est devenue vitale pour soutenir ces priorités, ce qui nécessite des réformes fiscales d’envergure, notamment la suppression des exonérations fiscales inefficaces et l’optimisation de la fiscalité minière» indique Marc Stocker.
Recueillis par C.R
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