En marge du reboisement effectué par la compagnie Tsaradia hier, dans la commune de Tsiafahy, son directeur général Andriamamonjy Rafanomezantsoa a bien voulu faire part des difficultés rencontrées et des attentes de cette filiale de la compagnie nationale.
– Ma-LAZA : Le Plan Multisectoriel d’Urgence Sanitaire PMDU prévoyait un soutien financier de 11,6 millions USD pour permettre à la compagnie Tsaradia de maintenir la desserte domestique. Où en est-on actuellement et qu’attendez-vous de l’Etat ?
-Andriamamonjy Rafanomezantsoa : Le comité de pilotage a été mis en place. Nous avons besoin de ce soutien financier. Nous sommes obligés de payer nos fournisseurs et différentes charges et espérons un déblocage rapide de ce financement. Nous avons réglé une partie, mais on a dû étaler le paiement de nos dettes sur une certaine période. Le soutien financier nous servira comme on dit de « coussin » pour faire face à la situation, surtout qu’il existe à présent une nouvelle variante de la Covid.
Nous espérons aussi de l’Etat des efforts au niveau des taxes, en particulier au niveau de la TVA. Ce n’est pas le billet de Tsaradia qui est cher, ce sont les taxes et les redevances. Le ministre des transports et du tourisme discute déjà avec l’ACM, l’ADEMA, Ravinala Airports pour faire avancer le dossier. Les différentes taxes représentent actuellement près de 60% du billet d’avion et elles devraient être revues à la baisse.
– Ma-LAZA : Quelle est la situation actuelle de Tsaradia ?
-Andriamamonjy Rafanomezantsoa : Toutes les compagnies aériennes au monde sont impactées par la crise. Tsaradia s’occupe uniquement des vols intérieurs mais dépend énormément de l’étranger. 70% des passagers de Tsaradia viennent de l’étranger. Aujourd’hui, nous faisons près de 50 vols par semaine au lieu de 220 avant la crise sanitaire. Au mois de décembre 2020, il y a eu une augmentation de 5% des passagers et des chiffres d’affaires, mais globalement dans l’année, la compagnie a subi des pertes par rapport aux exercices précédents. Je tiens à préciser que notre exercice va du mois d’Avril au mois de Mars. Nous avons perdu 82% de notre clientèle et à peu près le même pour le chiffre d’affaires. Les pertes tournent autour de 9 à 10 millions USD. Pour y faire face, nous effectuons une promotion du tourisme local avec le ministère des transports, du tourisme et de la météorologie. Nous essayons d’appliquer des tarifs promotionnels, et de démocratiser les voyages à Madagascar. L’an dernier, 6000 annulations ont eu lieu et 12.254 ont accepté des avoirs. Nous faisons en sorte que dans un vol, il y a 60% de nouveaux clients.
– Ma-LAZA : Quels arriérés devez-vous aux fournisseurs ?
– Andriamamonjy Rafanomezantsoa : Sans compter que les dettes que nous devons payer à Air Madagascar, les arriérés tournent au minimum autour de 8 millions USD. Il y a la location des autres avions, les réserves de maintenance, les dettes auprès des fournisseurs divers….
Tsaradia est une jeune entreprise. Les deux premières années, nous avons transporté 700.000 passagers et nous avons eu une progression du chiffre d’affaires. La troisième année, ce fut la catastrophe. Au niveau du fret, tout va bien, avec 1.800 tonnes en deux ans, mais il y a encore une marge de progression énorme.
Nous n’allons pas rester comme ça, nous allons nous battre et trouver d’autres pistes. Nous espérons que les frontières s’ouvriront petit à petit. Nous travaillons en étroite collaboration avec Air Madagascar pour créer une synergie, voir les connectivités et les mutualisations des coûts.
Propos recueillis par Claudia R.
