Près de deux semaines après la fuite d’une correspondance adressée au ministre de l’économie et des finances, la directrice des opérations de la Banque mondiale s’exprime de nouveau sur l’importance d’une réforme tarifaire de la JIRAMA à travers un blog : «L’accès à l’électricité n’est ni un luxe ni une option, c’est une bouée de sauvetage, une utilité sociale, un moteur de l’économie et une base essentielle sur laquelle l’économie s’appuie pour se développer ».
A Madagascar, seuls 15% de la population ont accès à l’électricité de la JIRAMA. « Depuis 2009, JIRAMA a accumulé un déficit opérationnel d’environ trois mille sept cents milliards d’Ariary, soit un milliard de dollars ! C’est la somme du déficit créé par le maintien d’une politique tarifaire inefficace et non ciblée du secteur électrique malgache pendant plus de dix ans » a révélé Idah Z. Pswarayi-Riddihough, directrice des opérations de la Banque mondiale pour les Comores, Madagascar, Maurice et le Mozambique.
Cette somme n’a pas profité aux 85% de Malgaches qui n’ont pas accès à l’électricité, mais principalement à deux groupes : «D’une part les 10% des grands consommateurs résidentiels, les plus riches des clients de JIRAMA (équivalent à 1% de la population), grâce à des tarifs résidentiels subventionnés (…). D’autre part, les fournisseurs d’électricité de la JIRAMA, à travers les marges excessives d’un grand nombre de contrats d’achat d’électricité, dont la plupart ont été attribués illégalement en gré-à-gré au cours de la période 2009-2017 » a-t-elle ajouté. « Bien que des contrats aient été renégociés par la nouvelle direction de la JIRAMA pour revoir les marges et les clauses abusives, il reste encore beaucoup à faire ».
Importance des réformes
Idah Z. Pswarayi-Riddihough soutient que pour augmenter le taux d’accès à l’électricité, il faudra de l’argent, de nouveaux investissements dans le secteur, ainsi que des réformes d’une grande portée. « Les réformes, quelles qu’elles soient, ne sont jamais faciles, car il y a toujours ceux qui en profitent et ceux qui doivent s’adapter. Mais les perdants de la réforme ne devraient pas être les plus pauvres, les plus vulnérables ni les plus nécessiteux » a-t-elle précisé. Les réformes soutenues par la Banque visent expressément à garantir que les plus pauvres bénéficient de ses retombées, paient une juste part et puissent jouir d’un accès qui leur permettra de participer de manière productive à l’économie. « Cela ne peut se réaliser qu’en révisant les barèmes payés par ceux qui en bénéficient aujourd’hui » renchérit-elle.
Selon ses explications, une telle révision permettra d’assurer une électricité suffisante pour tous, tout en permettant à la JIRAMA d’entrer dans une trajectoire pour retrouver son équilibre financier dans un délai de trois à quatre ans. La JIRAMA pourra ainsi payer ses fournisseurs et se passer des subventions. Elle pourra également investir dans l’amélioration de la qualité, la fiabilité de ses services et connecter des centaines de milliers de ménages vulnérables qui restent encore exclus de l’accès aux réseaux.
Recueillis par C.R
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