Depuis janvier 2021, les pays africains qui ont ratifié l’accord de Zone de Libre-échange Economique Continentale Africaine ont commencé à ouvrir leurs marchés. A Madagascar, le secteur privé demande à ce que des dialogues soient menés avant toute ratification. Andrianavalomanana Razafiarison, président du FIV.MPA.MA (Fivondronan’ny Mpandraharaha Malagasy) nous explique pourquoi.
– Ma-LAZA : Le secteur privé a demandé que Madagascar ne ratifie pas encore la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine ZLECAF. Quelle en est la raison ?
– Andrianavalomanana Razafiarison : Une consultation préalable des acteurs économique est requise. Comme dans un match de foot, nous sommes mal préparés alors que nous voulons monter sur terrain. La plupart des pays qui ont ratifié l’accord de Zone de Libre-Echange Economique Continentale Africaine et qui le mettent en œuvre depuis janvier s’y sont préparés pour voir les secteurs prioritaires et les produits concurrentiels. Nous avons déjà envoyé une lettre au président de la République sur l’importance d’une l’étude d’impact de la ZLECAF sur la production, la consommation et l’économie de Madagascar. Une réflexion basée sur les résultats et les impacts s’impose. Officiellement, 80% des produits de consommation sont importés. Notre production ne suffit pas, d’où l’importance de la politique « One District One Factory » ODOF pour augmenter la production locale. La ZLECAF représente un marché de plus de 1.200.000.000 consommateurs et nous risquons d’être davantage envahis par des produits importés. Nous sommes membres de la SADC et du COMESA, mais faute de préparation préalable, notre balance commerciale est largement déficitaire. Une préparation est indispensable et une stratégie d’approche du marché est requise. Un forum économique national doit être organisé pour voir les stratégies permettant de faire face à la ZLECAF afin qu’elle puisse être bénéfique pour le pays.
-Ma-LAZA : Le contexte sanitaire actuel permettra-t-il la tenue d’un tel forum ?
– Andrianavalomanana Razafiarison : Ce forum pourra se faire en mode virtuel ou en présentiel en respectant strictement les gestes barrières, avec pas plus de 200 personnes. Il pourra se tenir au CCI Ivato. Nous constatons dans le quotidien un laisser-aller dans lesdits gestes barrières. L’Etat doit être plus strict.
– Ma-LAZA : Face à la recrudescence des nouveaux cas, quelles mesures attend le secteur privé ? Pensez-vous que le retour au confinement est adapté ?
– Andrianavalomanana Razafiarison : Les séquelles laissées par le confinement de l’an dernier persistent. La plaie économique n’est pas encore cicatrisée. Il n’y a pas eu d’aide directe financière aux entreprises. Dans différents pays, une enveloppe budgétaire sous forme d’aide directe pour préserver les emplois et maintenir les activités a été octroyée. Dans le cadre du plan multisectoriel d’urgence PMDU prévu initialement pour six mois, des rééchelonnements d’impôt et des lignes de crédit ont été accordés. Ce PMDU reste finalement valable jusqu’au mois de juin prochain.
Un retour au confinement ne fera qu’envenimer la plaie. Est-ce que cela sera soutenable pour les entreprises et pour l’Etat ? Il faut savoir que c’est aussi le fonctionnement des entreprises qui permet d’alimenter les caisses de l’Etat. Ce qu’il faudrait, c’est renforcer le respect des gestes barrières et mettre en place une discipline collective en appliquant des sanctions aux récalcitrants. Dans les entreprises, quand un employé présente des symptômes, il doit subir un test de dépistage, rester confiné…Les lieux de travail doivent également être désinfectés.
Propos recueillis par Claudia R.
