Le Sud de Madagascar a toujours été connu comme une zone victime de crises humanitaires cycliques depuis l’indépendance de notre Nation. Durant ces 20 dernières années, plusieurs projets d’infrastructures ont été annoncés sans jamais avoir vu le jour. Marc Ravalomanana, alors à la tête du pays en 2005, avait programmé la mise en place d’un pipeline pour assurer l’approvisionnement en eau dans les zones arides de Madagascar. Un projet mis sur pied avec le Japon et le concours de l’agence Alimentation en Eau dans le Sud (AES). En 2016, le régime Rajaonarimampianina a lui aussi tenté de lancer des projets d’envergure visant à lutter contre l’insécurité alimentaire dans le sud, incluant la restauration de plusieurs périmètres irrigués dans les zones agricoles, mais sans aucun résultat. La dernière annonce en date est celle du président Rajoelina avec la construction d’usines, l’électrification rurale et la promotion agricole dans les districts les plus reculés, accompagnés d’installation de pipelines de conduite d’eau potable.
On a toujours fait rêver la population du Sud avec des projets qui ne se sont jamais concrétisés, soit par manque de financement, soit par rupture de mandat des présidents porteurs de ces projets. La lourdeur administrative et les renégociations perpétuelles des projets semblent être la source de tous les maux. Plusieurs années sont nécessaires pour débloquer les fonds.
Entre temps, les partenaires internationaux de Madagascar injectent chaque année près de 30 millions d’USD dans cette partie de l’Île, destinés à soutenir la lutte contre la malnutrition.
Et pourtant, cette partie de l’Île possède potentiellement une manne financière incommensurable. L’industrie extractive rien qu’avec la société d’extraction d’ilménite QMM, génère 6 millions de dollars de taxes et 1,3 million de royalties chaque année au profit de l’Etat malgache. La production de saphirs à Ilakaka et Andrandambo, deux zones de réputation mondiale pour les pierres précieuses, est estimée à 10 tonnes par an. Les ressources halieutiques des régions du sud ne sont pas en reste avec une forte production de crevettes et d’holothuries dans la partie sud-ouest, et de langoustes et d’huitres dans le sud-est.
Mais où vont les ristournes, les taxes et les impôts perçus de ces exploitations à fort rendement? Pourquoi la population de ces zones reste depuis des décennies victime de famine?
Rajoelina, avec son plan « Emergence du Sud » a promis des réalisations à court terme. Toute la population retient son souffle…
