HVM/MAPAR : Les dessous du clash
Le limogeage d’Augustin Andriamananoro, la nomination de Ny Hasina Andriamanjato au poste de PDS d’Antananarivo, constituent un double coup de tonnerre. Mais il existe un troisième coup de tonnerre, même si la nouvelle fut un simple éclair. Elle a provoqué des rais lumineux dans le firmament des médias : la communication du Conseil des ministres n’est plus confiée au ministre de la Communication, Harry Rahajason, mais au cabinet de la Présidence.
Nous avons évoqué, dans ces colonnes, que nous sommes dans la saison cyclonique politique. La météo annonce également des résidus orageux causés par la transition. Un cyclone s’est formé dans le macrocosme. Des têtes vont tomber, une à une. Ce n’est pas le spoil system, mais c’est une sorte de renouvellement au sommet… Autrement dit, les limogeages vont surtout se faire au niveau des hauts emplois, civils et militaires.
Les médias ont été plutôt bien servis depuis une semaine : interdiction de sortie pour un grand opérateur économique, ouverture de procès sur le bois de rose impliquant du… menu fretin. Quoique les langues commencent à se délier et une vingtaine de gros bonnets seraient plus que concernés (lire article par ailleurs). Citons, également, le limogeage du DG de l’ACM, l’homme des Notam. James Andrianalisoa, le nouveau DG de cet organisme s’est empressé de cadrer la mission de l’ACM et les motifs de délivrance de NOTAM. Surêté et sécurité aérienne uniquement. Exit les considérations politiques. Ouf de soulagement, probablement, pour Marc Ravalomanana et ses partisans…
Le Vice-président du MAPAR est l’une des personnalités victimes de dommages collatéraux entre le MAPAR et le HVM. Ils sont d’une même (mais, ô combien relative) famille politique. Pour comprendre ce durcissement du HVM, il faut puiser dans les non-dits publics. Mais, bien-dits dans les coulisses et les négociations.
Tout s’était passé avant même l’investiture. Juste au lendemain de la proclamation officielle des résultats officiels du second tour de l’élection présidentielle. Réunion au sommet. Accord de gentlemen de même famille politique sur des points importants : Haja Resampa, Augustin Andriamananoro et autres ne devraient figurer parmi les Premiers ministrables.
Le MAPAR aura le perchoir. Toutefois, la candidature de Mme Christine Razanamahasoa n’est pas encouragée. Il faut une autre personne. Et il faut répartir les postes de Vice-présidents aux partis qui ont soutenu Hery Rajaonarimampianina , entre autres, le VPM-MMM de Hajo Andrianainarivelo.
Il ne faut pas évincer la mouvance Ravalomanana, mais la pousser à occuper le poste d’Opposant officiel. Hery Rajaonarimampianina avait annoncé, lors de son discours d’investiture qu’il « est maintenant le Président de tous les Malgaches et qu’il tend la main à ses adversaires politiques ». C’est-à-dire la mouvance Ravalomanana.
LA MOUVANCE RAVALOMANANA A UN BESOIN URGENT DE REBONDIR
Le Président de la République a reçu, comme toutes les factions politiques, les ténors de la mouvance Ravalomanana qui, notons- le, avaient un besoin urgent de rebondir après 5 années de vaches (laitières) maigres. Marc Ravalomanana, lui, a confirmé, devant les « magroistes » que sa mouvance va travailler avec le nouveau régime. Hery Rajaonarimampianina était content. Il a besoin de toutes les forces vives pour réaliser son programme de relance économique en sachant, certainement, à quoi s’en tenir avec cette mouvance qui va attendre son heure… Nous sommes toujours dans une logique de conquête de pouvoir et chacun pose ses pions sur l’échiquier.
Andry Rajoelina n’était pas content. Mais pas content du tout. Tout, mais pas la mouvance Ravalomanana. Il s’était senti trahi. Et il décida de cracher publiquement ce qu’il avait sur le cœur. Et le « vendredi magnifique » de Rajoelina fut. Il descendit en flammes le HVM et le Président de la République. Les choses étaient claires : le fondateur du MAPAR ne partage pas le point de vue du Président de la République sur la conduite des affaires nationales. Pour les analystes, la guerre était déclarée…
Une journée auparavant. Coup de théâtre le jour du vote du bureau permanent : le MAPAR et le GPS ont changé les règles du jeu. Ils ont raflé la mise et sont arrivés à contrôler à 100% le bureau permanent. Mme Christine Razanamahasoa est élue Président de l’Assemblée nationale. Face à cette razzia, les autres députés ne pouvaient plus que sortir et décider, en toute hâte dehors, de prêter un flanc unique en créant la fameuse Plateforme de la mouvance présidentielle ou PMP. L’Assemblée nationale est fracturée. Le GPS des indépendants est soumis aux secousses telluriques à l’échelle de la géométrie variable.
SESSION CLÔTUREE EN QUEUE DE POISSON
La session parlemen taire extraordinaire fut clôturée en queue de poisson. La PMP veut sa revanche. Elle cherche les voies et moyens pour organiser une nouvelle élection du bureau permanent sur des textes non plus votés et appliqués sous le régime CT, mais sur de nouveaux textes. « Nous ne sommes plus dans la transition et pourquoi utiliser des textes caducs », s’indigne un député membre de la PMP.
La réunion entre le MAPAR et la PMP s’est soldée par un échec. C’est logique. Ils n’utilisaient ni le même registre, ni le même langage. Le MAPAR posait comme préalable l’éviction de la mouvance Ravalomanana de la plateforme. La PMP fait valoir le rassemblement le plus large. Le MAPAR ne jure que pour le fondateur bien-aimé et la PMP pour le Président de la République, garant de l’équilibre des Institutions. « Ce n’est plus Rajoelina qui signe les décrets et les ordonnances. C’est le Président Hery Rajaonarimampianina. Le MAPAR doit prendre conscience des nouvelles donnes », soulignent des députés de la PMP.
E.A
