Quand les p… s’en mêlent
Eh oui ! Les travailleuses du sexe sont descendues du trottoir pour se mettre carrément dans la rue. Elles ont été plusieurs à manifester dans la nuit de jeudi à Tsaralalàna, le quartier « hot » de la capitale, pour exprimer leur ras-le-bol des harcèlements dont elles se déclarent victimes de la part des autorités et plus particulièrement de certains éléments des forces de l’ordre. Ces derniers leur soutireraient de l’argent et n’hésiteraient pas à leur réclamer un paiement en «nature » quand l’envie les prend.
En fait, que ce soit à Paris, à Londres, à Manille ou à Sidney, les prostituées qui battent le pavé sont une plaie, pour les puritains, un mal nécessaire pour ceux qui ne peuvent pas réprimer leur libido. Même dans l’ancienne URSS où la loi envoyait au Goulag celles ou ceux qui sont pris en flagrant délit de racolage ou dans les camps de concentration pour la Chine de Mao Zedong, les vendeuses de charme passent toujours par les mailles du filet pour satisfaire les désirs de leurs seigneurs, lesquels, parfois, sont ceux mêmes qui écrivent les lois.
Certaines municipalités, lasses des récriminations des filles de joie, ou dont les responsables ont une conception assez large de la notion de « plaisir » arrivent même jusqu’à négocier pour leur accorder un quartier spécial comme St Pauli à Hambourg, et dans une moindre mesure, Pigalle, St Denis ou le Bois de Boulogne pour Paris. En général, les législateurs élaborent des lois qui ne sont rigoureuses que par la forme mais dont le fond permet au « sexe » de s’exprimer sous toutes ses facettes. Celles qui ne font pas le trottoir peuvent se faire appeler par téléphone, les call girl, ou acceptent d’ « accompagner » des invités de marque, les escort girl. Le tout finit souvent dans un lit. Ce sont des métiers informels comme on dit, mais qui ont cours n’importe où depuis des lustres. Chez nous, les salles de massage qui fleurissent à chaque coin de rue seraient en réalité des maisons de passe où le sexe s’achète.
La prostitution est un des reflets de la pauvreté, notamment dans les pays sous développés. Sans alternative, les jeunes filles s’y mettent pour aider leur famille. Dans certaines contrées malgaches, la tradition veut qu’arrivée à un certain âge, dès sa puberté, une jeune fille doit se débrouiller toute seule pour vivre. Considérée comme une charge, elle est laissée littéralement à l’abandon et constitue une proie facile et consentante des prédateurs que sont les hommes, toujours avides de chair fraîche. A moins d’une véritable révolution dans les mœurs, qui risque toutefois de heurter les sensibilités (car il s’agit d’une tradition), la prostitution directe ou déguisée restera toujours telle qu’elle. Le mieux est de s’en accommoder. Ce n’est pas pour rien que la prostitution est appelée « le plus vieux métier du monde ».
