Faites le compte
Rien que dans les éditions du journal Ma-LAZA de la semaine dernière, les homicides, les tués des accidents de la route, les vols avec effraction, les attaques des « dahalo » dans différentes contrées s’élevaient à 42. Soit 7 délits ou crimes environ par jour. Multipliez cela par 30 et vous aurez 210 enquêtes ouvertes par la Police ou la Gendarmerie nationale.
Chaque victime, si par bonheur elle reste en vie, ou ses proches aspirent à ce que ces enquêtes aboutissent et que les auteurs soient punis à hauteur de leur forfait. Mais au vu de ce nombre, matériellement, il est impossible de mener, selon les normes, des investigations. Ajoutez à cela le manque de moyens aussi bien matériels qu’humains et vous comprendrez aisément que les affaires classées sans suite, ou les investigations qui finissent en queue de poisson sont parfaitement logiques au détriment de ceux qui ont subi de lourdes pertes, physiques, morales ou autres.
Ceci sans compter les crimes commis quelque part dans un bled perdu, les règlements de compte en catimini, la corruption qui gangrène le système qui font que les meurtriers et criminels de tout acabit n’ont aucun scrupule à tuer et à se balader ensuite dans les rues, à côté même de ceux à qui ils ont fait du mal.
Nous avons de très bons limiers qui ont suivi des formations et des stages à l’extérieur et qui avaient à leurs côtés des policiers et des gendarmes qui font honneur à leur corps en France, là où la plupart des malgaches approfondissent leur savoir. Mais bon nombre d’entre eux, pour plusieurs raisons, font leur travail par routine, se contentant parfois de recueillir les dépositions des victimes. En bon fonctionnaire, ils sont dans leur bureau, épluchant les journaux, et attendent un heureux concours de circonstance pour déterrer une affaire laissée en plan dans un classeur. Les descentes sur terrain sont limitées au constat après un meurtre, une casse ou un cambriolage. La suite se fait en pointillés…
Les nostalgiques se rappelleront sans doute des fameux « Commissaire Ratandra et Bako mpitsongo dia ». Le premier est un commissaire de la Brigade criminelle et la seconde, son assistante, une détective hors paire. Des personnages de théâtre radiophonique très appréciés à l’époque et qui ont suscité des vocations chez leurs jeunes auditeurs. Ils mènent des enquêtes souvent criminelles et arrivent à arrêter les assassins, après bien de péripéties et de rebondissements. Rediffuser ces histoires passionnantes ne serait pas une mauvaise idée pour la radio nationale. Du moins pour que nos fins limiers redorent leur blason.
