La traversée du désert
On peut rester longtemps au pouvoir, mais pas éternellement. Si certains chefs d’Etat l’ont compris, d’autres font des pieds et des mains pour s’y accrocher en faisant fi des règles les plus élémentaires de la démocratie et en ignorant complétement ce qu’on appelle l’alternance.
Ayant eu le vent en poupe lors des dernières élections législatives, en réussissant à placer presque une cinquantaine de députés à l’Assemblée nationale, le MAPAR a eu une terrible désillusion lors des législatives partielles de vendredi dernier, quand ses candidats se sont fait battre à plate couture par des indépendants et des candidats d’autres partis. Pourrait-on en déduire que si les présidentielles étaient à recommencer, Hery Rajaonarimampianina pourrait ne pas être élu ?
Didier Ratsiraka, après sa longue traversée du désert dans les années 90, a réussi un come-back fracassant en battant au second tour, en 1996, celui qui l’a défait 5 ans plus tôt, le Professeur Albert Zafy. Certes, ce dernier n’avait plus l’appui de ses anciens compagnons de lutte, mais des indiscrétions ont révélé qu’en réalité, sa défaite serait due à des tripatouillages des résultats jusqu’au plus haut sommet de la juridiction électorale.
L’Etat de grâce n’a pas duré non plus pour l’Amiral qui a du renoncer au pouvoir dans les conditions que l’on sait en 2002. Une autre traversée du désert, plus longue que la précédente, puisqu’il lui a fallu rester presque 10 ans en France avant de pouvoir refouler de nouveau sa « chère patrie ». Idem pour son successeur qui est confiné en Afrique du sud depuis maintenant cinq ans.
Andry Rajoelina, le fondateur du Mapar s’est fait discret pendant toute la campagne des dernières législatives partielles alors que l’occasion lui était donnée pour maintenir la pression et, surtout, pour garder la flamme. Voudrait-il prendre ses distances avec sa base ou y-a-t-il d’autres raisons, de haute politique, que le citoyen lambda ne peut s’approprier ? Une seule raison, plausible, peut expliquer ce silence : l’ancien président de la Transition voudrait prendre du recul pour mieux sauter. Son modèle n’est autre que celui qui l’a aidé à amorcer le mouvement de 1989 : « Deba ».
