Blanchiment de bovidés : La Gendarmerie nationale crève l’abcès
De Janvier à Juillet 2014, 497 cas de vols de bovidés ont été répertoriés dans les ex provinces de Fianarantsoa et Toliara, sans compter les cas qui n’ont pas été déclarés par les victimes. En tout, 19.695 bœufs ont été dérobés. 10.181 ont été récupérés et 9.514 restent introuvables. Où sont-ils donc?
A cette question, le Colonel Serge Gelle, Commandant de la Circonscription de la Gendarmerie Nationale de Fianarantsoa, a fait savoir que ces bœufs volés et non récupérés entrent sur le marché. Ambalavao, Ihosy, Betioky… sont autant de grands marchés de bœufs.
Les voleurs de zébus se procurent des Fiches Individuelles de Bovin (FIB) pour blanchir les bovidés volés et pour que ces derniers puissent être facilement commercialisés.
Ce haut responsable de la Gendarmerie a précisé que les FIB sont une prérogative de l’Imprimerie Nationale. Mais ce n’est pas à ce niveau que se trouve la faille. Pour que l’on puisse se procurer des FIB, les bons de commande doivent être signés par les responsables de la Région pour, ensuite, être disponibles auprès des districts et des délégués.
Un réseau de blanchiment
Il existe tout un réseau de blanchiment de bovidés volés, a confirmé le Colonel Serge Gelle, avec preuve à l’appui. Des carnets de bovidés qui doivent être utilisés dans une région précise sont parfois utilisés pour faire passer des zébus dans une autre région. Des délégués et des responsables administratifs font partie du réseau puisqu’ils intègrent des bovidés d’origine douteuse dans des fiches individuelles de bovin en bonne et due forme. En principe, les délégués devraient vérifier les « cartes d’identité » des bovidés pour s’assurer de leur traçabilité, a laissé entendre le Colonel Serge Gelle. Environ 600 bœufs d’origine douteuse sont actuellement mis en fourrière : une centaine à Ambohimandroso, 25 à Ambositra, 128 à Ambatofinandrahana et pas moins de 400 autres à Fianarantsoa.
A Ihosy, par exemple, un délégué et un vétérinaire sont actuellement recherchés.
Dangerosité des vols de bovidés et flux
Depuis Janvier dernier, 10 éléments de la Gendarmerie et 36 membres de la communauté villageoise ont perdu la vie. 7 éléments des Forces de l’ordre et 56 membres des Fokolonola et mpanara-dia ont été blessés. C’est dire à quel point est dangereux le vol de bovidé, selon le Commandant de la Circonscription de la Gendarmerie Nationale de Fianarantsoa. Force est pourtant de constater que des opérateurs, par exemple, sont épargnés et sont même à l’abri des menaces.
Le flux de bovidés du Sud vers le Nord, incluant Antananarivo, Toamasina Vatovavy Fitovinany… atteint 2.000 par semaine, soit 8.000 par mois et 56.000 de Janvier à Juillet. Les bœufs gras sont acheminés vers la Capitale et finissent en Chine ou au Vietnam puisque les exportations de viande de bœufs sont des faits concrets. Les moins gras, en revanche, sont élevés et engraissés.
Des individus sont actuellement recherchés et d’autres font l’objet d’enquête dans le but de démanteler le réseau de blanchiment de bovidés.
C.R
