D’un retour à l’autre
Nous attendons cette semaine la déclaration de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) sur la motion de déchéance déposée par 121 députés. Qu’en est-il exactement ? Nous sommes en session ordinaire. Le gouvernement fait son rapport devant l’Assemblée Nationale. Du classique. Or, un malaise couve. En fait, nous avons une chambre frustrée. Frustrée par la manière dont l’Exécutif la traite. Les relations entre la Présidence et l’Assemblée Nationale se sont détérioriées. Résumons cela en un manque de considération que ressentent amèrement les députés. Ajoutons à cela le jeu de conquête de territoire politique de la part du MAPAR, du VPM, du Leader Fanilo et, surtout, du TIM, repris en main par Ravalomanana. Une motion de déchéance fut concoctée. On parle d’argent pour motiver les hésitants et encourager les décidés. Vrai ou faux, toujours est-il que 121 signatures furent recueillies. Et quel que soit le « je n’ai rien à voir là-dedans » de Marc Ravalomanana, sans l’engagement des députes TIM, cette motion ne serait pas passée. Les députés pro Rajaonarimampianina auraient pu également, par amitié et par droiture politique, avertir le Président avant de signer la motion. Se rétracter après coup frise autre chose…
A quel jeu joue aussi l’Exécutif ? Il a su qu’une telle motion couvait. Mais il n’a rien fait pour désamorcer la bombe à temps. A-t-il minimisé la gravité de la situation ? Voulait-il autre chose ? Certes, des déclarations fusent ici et là pour un dialogue, un rapprochement, mais, dans la réalité, les hostilités prennent racine. Vendredi dernier, les ministres ne sont pas venus à la séance d’interpellation des députés. Motif : l’ordre du jour n’a pas respecté la procédure légale institutionnelle. Les députés, à travers leur bureau permanent, ont haussé le ton.
La HCC est fortement attendue. Pourra-t-elle s’ériger en arbitre électoral ? Quid des 60 signatures rétractaires ? Des juristes expliquent que dans le cas d’espèce, c’est la première signature qui compte. La HCC a reçu le dossier. La copie de l’accusation fut remise au Président de la République qui, avec sérénité et force tranquille, continue d’exercer sa fonction. La copie du mémoire en défense du Chef de l’Etat fut remise aux avocats des 121 députés. Les observateurs subodorent une déclaration d’incompétence de la HCC qui, notons-le, joue le rôle de la Haute Cour de Justice, provisoirement. Une affaire d’une telle gravité peut-elle être traitée par une institution intérimaire ? Voir et Attendre.
