Que veut-on de plus ?
Bien sûr que comme toutes les banques, la BM et le FMI, nos bailleurs de fonds traditionnels, n’accordent pas de chèque en blanc aux pays avec lesquels ils veulent collaborer ou qui ont demandé leur aide. Mais depuis le temps où Madagascar ont travaillé avec eux, notamment à la fin de la seconde République, le pays a aveuglément suivi leurs conseils et respecté les échéances qu’ils ont imposées.
L’on se souvient des Crédits d’ajustement structurels, des Fonds du même nom ou d’autres conditionnalités qui menacaient même la souveraineté du pays. Et l’on connait la rigueur avec laquelle ces bailleurs de fonds surveillaient l’utilisation des crédits qu’ils allouaient. Mais pour quels résultats ?
Les privatisations et le désengagement de l’Etat de certains secteurs pourtant qualifiés de « stratégiques » ont-ils rapporté un quelconque bilan positif ? De ces dizaines d’années où le pays a été sous la tutelle des bailleurs de fonds, a-t-on enregistré une quelconque évolution que ce soit dans le domaine social, où ils interviennent beaucoup, ou dans le domaine économique et financière ? Force est de répondre : NON.
La faute n’incombe peut-être uniquement pas aux bailleurs de fonds. Il nous faut également admettre que la difficulté pour les régimes successifs d’obtenir les aides extérieures a, encore plus, approfondi la pauvreté et favorisé la corruption pour soutirer un peu d’intérêt des secteurs qui vivotaient. Il faut avouer également que les dirigeants successifs du pays n’ont pas pu imposer leur vision et fixer des objectifs réalistes, cohérents et compris de la population. Il faut ajouter à cela la mauvaise gouvernance et les détournements, des domaines dans lesquels nous excellons.
L’état actuel du pays, parmi les plus pauvres du monde, doivent interpeller les bailleurs de fonds. Qu’ils le veuillent ou non, ils sont aussi responsables de la situation dans laquelle survit le peuple malgache. La tergiversation du FMI pour nous accorder la Facilité de Crédit Rapide (FCR) en est un exemple concret. A Lima, tout le monde chante « Together for Madagascar », mais les malgaches doivent attendre que le Conseil d’Administration se réunisse à Washington pour répondre si oui ou non ils vont nous accorder ce crédit.
Marc Ravalomanana a eu l’outrecuidance d’acheter un Boeing avec les reliquats des crédits alloués par les bailleurs de fonds. Motif de la suspension de leurs aides vers la fin de l’année 2008. Si son régime a pu résister aux manifestations et au coup d’Etat qui s’en est ensuivi, il est fort à parier que ces mêmes bailleurs de fonds auraient toujours trouvé un autre moyen pour faire payer aux pays ces fonds « perdus » et poursuivi leur collaboration.
La situation actuelle est autrement urgente. Nous nous approchons de la période de soudure, une période des plus difficiles pour le pays. Les malgaches ont survécu après 6, voire, 7 années de crise. Preuve que nous pourrons encore endurer d’autres années de souffrances, pourvu qu’une issue se dessine à l’horizon. Le moment est venu de faire confiance au peuple malgache qui ne mérite plus de descendre aussi bas qu’il ne l’est actuellement. C’est peut-être trop schématiser, direz-vous, mais franchement, que veut-on de plus ?
