Le fiel a la place du miel
Une frange de la classe politique, issue de la transition, fait des mains et des pieds pour que la restitution des Iles Eparses à Madagascar soit une priorité nationale. Débats, conférence de presse, points de presse, interviews, talk show, expo, collectes de signatures, remise d’une résolution au Président de la République et au Secrétaire Général des Nations Unies et, dernier fait d’armes, la préparation d’un meeting public à Ambohijatovo, samedi prochain.
Pourquoi cette pression ? Pourquoi maintenant et non en 2003 ou en 2009 ? Aux questions politiques, des réponses politiques. Dans cette frange, il existe des personnalités qui pensent sincèrement que les Iles Eparses et la richesse de leur sous-sol constituent des opportunités de développement économique pour Madagascar. Nous avons aussi des politiciens qui souhaitent faire valoir, dorénavant, la souveraineté de Madagascar et qui, dans une certaine mesure, critiquent la mainmise de la France et sa politique dans la sous-région. Nous avons aussi des politiciens opportunistes qui trouvent dans ce débat un bon moyen ou prétexte pour fragiliser le pouvoir en place. Tout en sachant que l’enjeu n’est pas compris par la majorité des Malgaches. Même pas l’enjeu, l’importance. Car, après tout, les Iles éparses sont très loin de leur souci quotidien.
Le Président de la République avait évoqué, au début de son mandat, la question des Iles Eparses en parlant d’une éventuelle cogestion comme solution. A cette époque, il n’y a pas eu de réaction négative officielle. Compréhensible, la classe politique dirigeante est en train de se former : gouvernement, hauts emplois de l’Etat… Une part de gâteau, pourquoi pas ? 2 années après, pas de gâteau. Du fiel à la place du miel. Place donc à l’amertume qui, en politique, s’appelle opposition. Les choses ont changé. Ceux qui se croient être des laissés pour compte donnent de plus en plus de la voix. Il n’y aura pas que les Iles Eparses. Nous sommes entrés dans une logique de contestation. Et cette opposition tentera d’ouvrir des brèches pour peu que le régime lui donne l’occasion.
