Les mains liées
L’expérience n’est pas nouvelle. Ravalomanana comme Rajoelina y ont goûté, et maintenant, c’est au tour de Lalao Ravalomanana. A Madagascar, il est difficile d’agir indépendamment du pouvoir central. La CUA a toutes les peines du monde à trouver les moyens pour travailler sereinement et réaliser son programme pour « développer » la capitale.
La raison est politique. Le pouvoir appartient à celui qui dispose du nerf de la guerre : l’argent. Il va sans dire que le régime Rajaonarimampianina, qui a pour objectif de se maintenir au pouvoir à l’issue des élections de 2018, ne va pas laisser un boulevard à ses adversaires qui plus est dans la capitale. Il doit s’approprier tous les secteurs susceptibles d’améliorer son image et de s’attirer la sympathie des Tananariviens dont le vote est crucial.
Les ordures n’ont pas été ramassées pendant un long moment à Antananarivo. La CUA et le SAMVA se sont passé la balle et, finalement, c’est le ministère de l’Eau, duquel dépend le SAMVA, qui s’est mis en avant pour résoudre le problème. Le ministère a fait d’une pierre deux coups : il a coupé l’herbe sous les pieds de la CUA en écornant l’image du Maire et s’est propulsé en avant pour dire à la population qu’il a pris ses responsabilités en nettoyant la capitale.
Cette méthode sera appliquée à d’autres secteurs, notamment, aux infrastructures routières. Comme la CUA n’a pas encore de budget pour réparer les rues, c’est le ministre des Travaux publics qui annonce, le plus officiellement du monde, la réhabilitation des rues de la capitale. Et pourtant, l’année dernière, ce même département s’est fait prier et a cherché tous les prétextes possibles pour éviter ce chantier en évoquant que seules les routes nationales sont sous sa tutelle.
La CUA et d’autres communes, qui n’ont pas eu la chance d’être dirigées par des maires issus ou proches des partis évoluant autour du régime, sont confrontées au même problème. Soit ces maires se laissent guider, soit ils s’exposent à des sanctions, comme leur remplacement par des PDS. L’on se demande ainsi si l’initiative du Conseil municipal de la CUA de faire un emprunt sans l’aval du pouvoir central est une bonne idée et ne provoquera pas le courroux de Mahazoarivo comme d’Iavoloha.
Il est indéniable que les maires, comme le régime, ne veulent que l’amélioration de la situation. Mais chacun a sa méthode et les voies qu’il pense le mieux et le plus rapide pour arriver à destination. Néanmoins, certains pensent qu’ils ont les mains liées.
Imprimer
