Un mot sur le rapt
Le monde des juges et des magistrats est en émoi. Le kidnapping, qui défraie la chronique depuis deux mois et baptisé affaire « Arnaud », est loin d’être clos. Il implique de nombreuses personnes dont des autorités. Et avant-hier, un magistrat est mis en arrestation. Le Président de la République, lors de sa réunion avec le Conseil Supérieur de la Magistrature à Iavoloha, a inclus dans l’ordre du jour cette affaire. Selon des on-dit, à recouper, cette arrestation est motivée par les aveux du dénommé Lejo, un des cerveaux de ce kidnapping, un dangereux détenu qui a pourtant bénéficié d’une clémence dans le cadre d’une Main-d’œuvre Pénale ou MOP.
Depuis quelques années, nous n’étions pas à un kidnapping près. Cette pratique criminelle est devenue habituelle, au grand désarroi, parfois, des Forces de l’ordre. Car les victimes ne portent pas plainte, à des rares exceptions. Et, généralement, cela concerne le milieu indopakistanais. Auteurs comme victimes. Mais, depuis quelques temps, tout le monde peut être victime. Les daholo prennent des femmes et des enfants en otages pour protéger leur fuite. Les opérateurs économiques, les ressortissants étrangers pouvaient être la cible des ravisseurs. Un kidnapping s’apparente à une quête d’argent facile.
Cet acte criminel est habituel sous d’autres cieux. Mais il est complexe et particulièrement alarmant chez nous. Car des autorités judiciaires sont parfois impliquées. On subodore l’existence d’un réseau très compartimenté. Et, fait remarquable, les auteurs (ceux qui font le travail de terrain) sont des récidivistes dans leur grande majorité. Et on parle de réseau, car pour qu’il y en ait un, il faut des informateurs hors pair avant de déclencher une opération. Bref, la grande criminalité est bien organisée non seulement en matériels, mais aussi en idées.
Auprès de l’opinion, la suggestion est de mettre en place, comme en Italie à l’époque, un corps spécial de policiers, de gendarmes, de procureurs et substituts, de pénitenciers et de juges incorruptibles dont la mission est de démanteler tous ces réseaux, intra et extra-muros. Les mesures de prévention et de répression doivent être volontaires et appliquées avec fermeté. Sans copinage, népotisme et interventionnisme pour des crimes de ce genre. Et l’opinion n’en sera que ravie.
