Régime / Opposition : Hostilités ouvertes
Sommes-nous dans une nouvelle guerre politique ? Apparemment oui. Des voix s’élèvent ici et là ? Pour faire « du rentre dedans » pour reprendre cette expression. Les hostilités sont ouvertes
Hajo Andrianainarivelo, Président du parti MMM, n’y était pas allé par quatre chemins pour critiquer ouvertement et sévèrement le régime en place. Il s’est comporté comme un vrai opposant en choisissant d’attaquer publiquement le mode de gouvernance de la Présidence et du Gouvernement.
Candidat malheureux aux dernières présidentielles, cet ancien VPM de la Transition a axé cependant ses propos essentiellement sur ce qu’il qualifiait de culture d’impunité qui comporte deux risques : la poursuite des trafics de bois précieux comme le bois de rose et le mécontentement et la frustration, germes de crise majeure. Il n’a pas manqué de déplorer par ailleurs la mauvaise organisation et la partialité des dernières Sénatoriales. Mais c’est de bonne guerre, selon les analystes lorsqu’il s’agit de secouer le cocotier. Hajo Andrianainarivelo est membre de l’ARMADA, une plate forme qui regroupe les candidats malheureux de l’élection présidentielle. Andry Rajoelina, Hajo Andrianainarivelo, Saraha Georget, Camille Vital, Sylvain Rabetsaroana, Dr Jean Louis Robinson font front commun contre Hery Rajaonarimampianina, le Président de la République élu.
Jusqu’ou ira l’ARMADA ? Jusqu’à présenter un candidat commun ? Qui ? Leurs Etats- majors sont pour le moment discrets et n’abordent pas cet aspect sensible. Tout en sachant que pour les élections de 2018, ils doivent présenter sinon un flanc unique, du moins un discours mobilisateur et aussi fédérateur que possible.
Pour le moment, les « opposants » distillent des attaques qu’on peut qualifier, à tort, en ordre dispersé. Dans la forme, peut être, dans le fond, non. C’est une guerre de tranchées. L’Opposition tente de conquérir des « territoires » politiques, en plantant sa bannière sur tout ce qui est faiblesse ou représentant le talon d’Achille de l’Exécutif : inflation, iles éparses, organisation des élections, corruption, lutte contre le trafic de bois de rose. Et bien sûr la pauvreté dans laquelle se trouvent les 90% des malgaches. Un chiffre effrayant…
Le sénateur colonel Lylison rompit avec le silence. Il est apparu publiquement libéré du devoir de réserve des officiers depuis son élection à la Chambre Haute. Elu sous le treillis MAPAR, cet ancien Chef de la fameuse ex- Forces d’Intervention Spéciale ou FIS, est monté au créneau pour dénoncer l’ingratitude de l’actuel Chef d’Etat qui, selon ses propos, a tourné le dos à Andry Rajoelina à qui il doit ce poste pour l’avoir adoubé comme dauphin à l’époque.
En face, les interventions officielles se multiplient. Les réponses ne sont plus en paroles. Le « du tac au tac » n’est pas payant, selon les communicateurs du régime. Il adopte une stratégie dont l’efficacité est diversement appréciée. Celle de montrer que le Gouvernement travaille. Inaugurations, tournées, reboisement, signatures d’accords, nominations… c’est à Addis Abeba que Hery Rajaonarimampianina a lancé, de la tribune de l’UA, que « l’alternance démocratique est primordiale dans la mise en place d’un climat d’apaisement et que l’Union Africaine s’oppose aux coups d’Etat ou autres manières anticonstitutionnelles ». Le numéro Un malgache s’est inscrit dans le contexte africain secoué par des coups d’Etat comme celui perpétré au Burkina Faso. Mais on peut suivre son regard… Un regard dirigé vers l’opposition plurielle à Madagascar qui semble ne plus attendre 2018. En tout cas, les principaux Chefs de l’Opposition seraient décidés d’en découdre avant 2018… En tout cas, et dernières trouvailles en face, les encarts interpellant toute velléité de fomenter des coups d’Etat ou de provoquer des mouvements de foule … Aveu qu’il y a sinon péril en la demeure du moins anguille sous roche…
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