Point de vue : Quand l’éducation se met en transe
Dans quelle époque sommes-nous ? On parle d’éducation, d’enseignement, de modernisme, de tablettes distribuées dans les CEG et les lycées… Et puis, on tombe dans l’obscurantisme. Eh oui, aux dernières nouvelles, les forces occultes ont pris d’assaut une centaine d’établissements publics. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le ministère de l’Education Nationale reconnait officiellement l’existence d’un fléau paranormal appelé « Ambalavelona », dans le jargon des marabouts, qui sévit dans ces écoles.
Propos incompréhensibles. Transe. Bave. Hurlements… Le phénomène, selon des témoignages rapportés, prend parfois tous les élèves d’une même classe. Hystérie collective qui a amené, dans de très nombreuses situations, les responsables d’école à recourir aux services de « Mpiandry », des chrétiens consacrés qui ont l’autorité d’exorcisme. On prie, on chasse les esprits mauvais.
Voilà un autre volet de l’éducation auquel on ne s’attendait guère. Plus particulièrement, les bailleurs de fonds. On a des budgets pour le programme, pour les cantines scolaires, pour le renforcement des capacités des enseignants, pour les nouvelles technologies dans les écoles… Mais pas encore de budget pour l’exorcisme. Et on doute fort que des experts expatriés de la Banque mondiale ou de l’UNESCO et autre UNICEF soient calés sur la question.
Un culte œcuménique est même organisé pour la lutte contre l’Ambalavelona. L’Eglise s’y met. Les églises traditionnelles et les églises cadettes. Car il semble que cela prend des proportions alarmantes.
Sauf qu’il faudrait peut-être chercher des solutions du côté de la… médecine. Pourquoi ? Dans la région d’Alaotra/Moramanga, on avait eu aussi des cas pareils, touchant, généralement, des femmes et des jeunes filles. Il se trouvait, après analyse, que cela provenait d’une grande carence en vitamine à cause de la malnutrition chronique et de l’insécurité alimentaire. Cela dit, quand des autorités étatiques commencent à évoquer le paranormal pour expliquer une situation, ce n’est pas… normal.
