L’éducation nationale en question
L’assainissement que le ministère de l’Education nationale entend mener à l’endroit des établissements privés exercant le métier d’enseignement en deça des normes requises est de bon aloi. Mais il dénote surtout la détérioration de la qualité de l’enseignement à Madagascar, et ce depuis plusieurs années. Le paradoxe est là : les écoles fleurissent à chaque coin de rue, mais le niveau des élèves baisse au fil des années. Il y a une raison à cela : le manque de formation des enseignants, mais aussi et surtout la désagrégation des conditions dans lesquelles les élèves évoluent. Et sur ce point, l’enseignement public est également concerné. Il est bon de mettre le holà sur les infrastructures inadéquates de plusieurs établissements privés, mais il ne faut également pas fermer les yeux sur la vétusté de la plupart des établissements publics sur tout le territoire national : absence d’eau et d’électricité, des toitures trouées, des tables-bancs branlants… pour ne citer que cela.
Vers la fin des années 70, en pleine révolution socialiste, l’Etat a institué le Service national hors forces armées, les fameux SN, des bacheliers qui, après une formation sommaire et bâclée, ont été plongés dans l’univers de l’enseignement. Sans conviction et insouciants de l’énorme responsabilité qui pèsent sur leurs épaules, ces enseignants de fortune ont contribué, malgrè eux, à la dépréciation de l’enseignement à Madagascar. Et au lieu de chercher les moyens pérennes pour redresser la situation, l’Etat, de nouveau, a fait appel aux FRAM, des désoeuvrés qui, pour pouvoir gagner un petit pécule leur permettant de vivre, ont saisi l’aubaine et s’activent actuellement à intégrer la fonction publique au lieu d’améliorer le peu de connaissance et de culture qu’ils ont pour, au moins, bien s’acquitter de leur devoir.
La priorité à l’heure actuelle, pour sauver ce qui peut encore l’être, est de renforcer et d’augmenter en nombre les écoles préparatoires, à l’instar des écoles normales. Pour avoir un enseignement de qualité, il faut des enseignants de qualité. Ce ne sont pas les candidats qui manquent. C’est la seule condition qui permettra aux élèves malgaches de bénéficier des avantages de l’instruction et de l’enseignement. Le salut du pays est à ce prix.
