Point de vue : Le silence de la C.I
Si la communauté internationale est un des artisans de la sortie de crise à Madagascar et très écoutée pour ses prises de décision, si elle ne les impose pas, elle est restée muette après la fausse vraie (ou la vraie fausse) démission de Jean Ravelonarivo de son poste de Premier ministre.
Seule la Banque Mondiale et la représentante de l’Union africaine ont émis leur opinion, un « no comment » pour la première et un souhait de stabilité pour la seconde. Pour le reste, c’est le silence-radio complet.
Si les rumeurs de démission du PM n’ont eu cours que récemment, le remplacement des deux ministres devenus sénateurs a pris du temps et a été rattrapé par le départ de tout le gouvernement. Diverses sources ont affirmé que la communauté internationale hésitait entre le soutien ou le remplacement du gouvernement sortant et de son Premier ministre. Des ministres étaient pointés du doigt par certains organismes internationaux comme improductifs, voire, ils constituaient des boulets pour le régime actuel. Si l’Union européenne ou la Banque mondiale n’appelaient pas directement à leur démission, elles ont émis des réserves à leur égard, compte tenu notamment de l’utilisation des crédits qui leur ont été alloués.
Ca, c’est avant. Depuis vendredi, la communauté internationale est restée motus et bouche cousue. Prise de court, peut-être, par la rapide évolution de la situation et par la crise qu’elle allait engendrer si… Vendredi, le pays était en point de suspension. L’on a craint un coup d’Etat, des bruits de bottes, des descentes dans la rue et d’autres rumeurs qui ont fait craindre le pire. Le chaos était à notre porte. Et il est normal que la communauté internationale soit sur ses gardes, qu’elle n’avance aucun commentaire pouvant blesser les uns ou les autres ou qui soit pris pour un soutien ou un rejet. Comme beaucoup d’entre nous qui craignaient que la situation n’empire, qu’une étincelle ne provoque une explosion. Comme beaucoup d’entre nous, les membres de la communauté internationale ont eu peur que le conflit latent entre le PRM et le PM ne dégénère en une guerre au sens propre du terme…
Rien de tout cela ne s’est produit. Le PM sortant a fait volte-face en annoncant qu’il avait efffectivement signé sa démission qui a pris effet vendredi et qu’il procédera ce jour à la passation officielle. Les membres de la communauté internationale sont invités à la cérémonie. Leur présence ou leur absence, évidemment, signifiera quelque chose.
