Lémuriens : Trois nouvelles espèces de microcébus découvertes à Madagascar
Trois nouvelles espèces de lémuriens microcébus malgaches viennent d’être découvertes grâce à la collaboration de scientifiques de l’Université d’Antananarivo, du Centre allemand de Primatologie (DPZ), de l’Université du Kentucky et de l’American Duke Lemur Center (DLC).
Une de ces trois nouvelles espèces, le microcèbe de Ganzhorn (Microcebus ganzhorni), découverte dans le sud-est de Madagascar, a été nommée par l’écologue de l’Université de Hambourg le Pr Jörg Ganzhorn, qui a travaillé pendant des décennies dans la recherche sur les lémuriens et pour leur protection. Le Pr Ganzhorn a notamment initié, dans les années 1990, les activités de recherche du DPZ à Madagascar.
La seconde espèce, également découverte dans le sud-est de la Grande Ile, a été nommée « Microcebus Manitatra » pour symboliser l’expansion d’un sous-groupe de microcèbes provenant de l’ouest de Madagascar.
La troisième espèce, « Microcebus Boraha », a été nommée d’après l’île Sainte-Marie (en malgache Nosy Boraha) où l’animal a été découvert.
Des expéditions menées par ces équipes de scientifiques dans le Sud et à l’Est de l’île ont abouti à cette découverte importante. Celle-ci porte ainsi à 24 le nombre d’espèces connues de ce groupe de lémuriens, sachant qu’il y a 20 ans, seulement deux types de ces petits primates nocturnes étaient déterminés.
Les microcèbes sont des petits lémuriens nocturnes endémiques de Madagascar. Cependant, avec leur fourrure brune et leurs yeux globuleux, la distinction entre les espèces membres de ce groupe est souvent impossible à déceler à l’œil nu et nécessite des méthodes d’identification génétiques avancées. Mais « dans quelle mesure peut-on qualifier deux espèces comme étant différentes » reste un débat ouvert dans le milieu des experts.
D’après le Dr Rodin Rasoloarison, coordinateur scientifique du DPZ à Madagascar, c ́est grâce à l’utilisation de nouvelles techniques pour évaluer les différences génétiques entre les individus que des preuves ont été accumulées pour confirmer que ces trois espèces de microcèbes sont effectivement nouvelles. En outre, l’analyse a confirmé le statut des 21 espèces décrites précédemment. «Les techniques génétiques que nous avons utilisées pourraient faciliter l’identification des espèces, contribuant ainsi à promouvoir de nouvelles descriptions dans d’autres groupes d’animaux», affirme le Dr Rasoloarison.
Il y a à peine 3 ans, les mêmes groupes de recherche ont décrit deux nouvelles espèces de microcèbes dont le microcèbe de Madame Berthe, reconnu comme étant le plus petit primate au monde avec ses 30 grammes. Ce microcèbe a été découvert par les scientifiques du DPZ en 1993 dans la forêt de Kirindy, où une station de recherche du DPZ est actuellement établie.
En plus des méthodes d’analyses améliorées, les expéditions dans les forêts reculées et difficiles d ́accès de l ́île ont contribué à améliorer la connaissance de la diversité de ces parents éloignés de l’Homme. «Connaître l’aire de répartition exacte de certaines espèces est nécessaire pour pouvoir élargir les aires protégées», explique le Pr Peter Kappeler, qui mène des recherches à la station du DPZ à Madagascar depuis 1992. «Il est également primordial de comprendre comment la biodiversité à Madagascar a pris naissance», rajoute-t-il.
La majorité de la centaine d ́espèces connues de lémuriens est classée dans la catégorie «menacée» de la «liste rouge» de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). De ce fait, les lémuriens représentent le groupe de mammifères le plus menacé au monde. La culture sur brûlis et la chasse sont les principales menaces qui pèsent sur ces animaux dans l’un des pays les plus pauvres du monde.
RR.
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