Bonne chance
Le nouveau chef d’Etat-Major Général de l’Armée et le Commandant en chef de la Gendarmerie nationale ont promis de faire de la lutte contre la corruption leur priorité. Si du côté de l’Armée, la corruption se fait sentir au niveau du recrutement, des nominations ou des montées en grade, du côté de la Gendarmerie nationale, elle touche directement les agents chargés de la police de la route et la police judiciaire. La Gendarmerie nationale, avec la Justice et les Collectivités décentralisées constituent le trio de tête des secteurs les plus corrompus à Madagascar.
Hormis les problèmes d’insécurité, l‘Armée comme la Gendarmerie sont sollicitées pour être les leaders de la lutte contre les trafics en tout genre : trafics de bois de rose, de pierres précieuses, de tortues, des ressources marines… et de protéger les frontières malgaches. Sur ce dernier point, Madagascar est une île avec des milliers de kilomètres de côte mal protégés et perméables aussi bien pour les exportations que pour les importations illicites. Madagascar est même devenue une plaque tournante des trafics de cocaïne et d’autres drogues tout aussi dangereuses.
Les aéroports comme les ports malgaches sont devenus des passoires et des marchandises illicites entrent ou sortent au gré des trafiquants et… des douaniers. La corruption est également passée par là. Certes, certains se font attrapper, mais soit, ils ne sont pas passés par le réseau protégé, soit le trafic est trop gros pour passer inaperçu. Il est en tout cas inadmissible qu’une voiture puisse entrer sur le tarmac et déposer une valise directement dans les soutes d’un avion.
La corruption est un cercle vicieux. Les auteurs comme les bénéficiaires évoquent tous la difficulté de la vie, l’impossibilité de joindre les deux bouts sans un petit mic-mac quelque part, sans pouvoir mesurer les conséquences de leur acte. Dans la vie de tous les jours, rien ne se fait plus sans une petite rétribution, même pour pousser une voiture en panne. « Mametraha kely hanamboarana ny Rova », traduisible par « Donnez un peu pour la reconstruction du Rova » (qui n’est pas encore reconstruit jusqu’à maintenant) est devenu banal. Et tout va de fil en aiguille, le secrétaire ne veut recevoir un pli sans un petit cadeau et le directeur n’apposer sa signature que contre une petite enveloppe au contenu bien évident.
La corruption a atteint tous les niveaux de l’administration à Madagascar, et aucune institution ne peut prétendre être propre. C’est ce système que l’Armée et la Gendarmerie veulent combattre. On ne peut leur souhaiter que… bonne chance.
