Magro et Etat de droit
Ce qui devait arriver arriva : le groupe Tiko a été chassé manu miltari, hier, du domaine d’Ankorondrano, un site appartenant à la Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo et où était érigé une des sociétés Magro de la capitale, appartenant à l’ancien président Marc Ravalomanana.
La Chambre de Commerce a fait valoir son statut de propriétaire en refusant l’accès du site au Groupe Tiko à qui elle reproche de ne pas avoir réglé ses arriérés de location. De son côté, le Groupe Tiko a fait remarquer qu’il est lié à la CCI par un bail encore valable et qu’il a le droit de reconstruire les infrastructures qui ont péri par les flammes lors des événements de 2009 pour pouvoir reprendre ses activités.
Les parties ont chacune fait valoir ses droits aux yeux de la loi. L’une en tant que propriétaire qui chasse son locataire pour des raisons bien compréhensibles et l’autre en tant que locataire qui entend jouir de ses droits. Qui a tort ? Qui a raison ?
Marc Ravalomanana veut redémarrer son groupe. Avant 2009, il employait pas moins de 4 000 personnes et faisait vivre des centaines de milliers d’autres grâce aux emplois induits. Ces gens se sont retrouvés au chômage le jour même où les sociétés de Tiko sombraient sous les flammes. Peut-être qu’il n’aura pas immédiatement les moyens de les réembaucher, mais il est sûr que des emplois seront créés dans les mois qui viennent si ses détracteurs ne lui mettent pas les bâtons dans les roues.
La Chambre de Commerce pour sa part a une décision de Justice entre les mains. Comme nous sommes dans un Etat de droit, elle doit être appliquée sans tenir compte de la qualité du « coupable ». Il ne faut pas laisser Magro rouvrir si ses propriétaires ne s’acquittent de leurs dettes et de tous les arriérés qu’ils doivent à leur loueur et à l’Etat. Car il ne faut pas oublier que le Groupe Tiko doit encore des centaines de milliards d’Ariary au fisc qu’il avait accepté d’éponger progressivement à la condition que ses installations soient de nouveau opérationnelles. Et nous en sommes là.
D’un point de vue plus politique, Marc Ravalomanana essaie d’être présent sur la scène avec pour objectif sa présence aux présidentielles de 2018. Il sait pertinemment que l’Etat ne va pas le laisser faire sans bouger. Comme les malgaches ont toujours de la sympathie pour les victimes, il joue sur leur corde sensible. Ca lui a réussi en 2002. Mais 16 ans plus tard ???
