Banque mondiale : Une fixation sur la gestion des finances publiques
L’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) a exprimé son souhait d’effectuer une évaluation du système de passation des marchés publics avec l’appui des partenaires, notamment le Groupe de la Banque Africaine de Développement et la Banque Mondiale. Coralie Gevers, Country Manager de la Banque Mondiale, a bien voulu nous livrer son opinion en marge de l’atelier de restitution sur la réforme des marchés publics, qui s’est tenu hier au DLC Anosy.
Ma-LAZA: D’après vous, quelles sont les principales lacunes constatées dans le domaine des marchés publics ?
Coralie Gevers : On a tendance à observer ce qui ne fonctionne pas au lieu d’observer ce qui fonctionne… Nous avons évoqué des choses qui fonctionnent et nous avons aussi observé les dysfonctionnements. Le Ministre des Finances et du Budget, Gervais Rakotoarimanana,, dans son allocution d’ouverture, avait cité beaucoup de procédures dérogatoires relatives aux marchés de gré à gré. Il y a aussi des pratiques douteuses. On se rend compte que des compagnies n’approvisionnent que l’Etat, par exemple, en fournitures, en équipements de bureau. Certaines compagnies ne vendent pas au public, ni au particulier, elles ne vendent qu’à l’Etat. C’est le genre d’exemple qui suscite des doutes et c’est pour cela qu’il faudra une réforme. Ce n’est pas seulement une réforme de l’ARMP, c’est une réforme des marchés publics et donc cela concerne tous les Ministères. Il faut que tous les Ministères soient parties prenantes puisqu’ils utilisent l’argent public puisqu’ils sont acheteurs, et investisseurs, d’une certaine façon. Ce sont des règles qui s’appliquent à tous.
Ma-LAZA: Concrètement, quelles sont les attentes des bailleurs de fonds de cette réforme du système national des marchés publics?
Coralie Gervers : Ce que l’on recherche, surtout, c’est une meilleure gestion des finances publiques. Il faut qu’il y ait de meilleurs résultats avec l’argent public, pas seulement l’argent des bailleurs des fonds, mais surtout l’argent de l’Etat. Cela passe par une réforme des marchés publics avec une meilleure transparence, une meilleure gestion, une meilleure concurrence. Nous sommes très heureux de voir que l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et la Commission des Marchés Publics sont très impliquées dans cette réforme. Ce sont elles-mêmes qui déterminent les directions des réformes qu’elles veulent mettre en place pour les prochaines années. Nous espérons que ces réformes auront de bons résultats. Aujourd’hui (ndlr, hier) c’est un atelier de restitution pour essayer de mettre en place et de déterminer le plan d’action sur les deux années qui viennent.
Ma-LAZA: Quel rôle jouez-vous en tant que bailleurs dans ce processus de réforme?
Coralie Gevers : C’est surtout un rôle d’accompagnement. C’est vrai que nous avons de l’expertise technique en matière de gestion des marchés publics aussi bien la Banque Mondiale que la Banque Africaine de Développement. Nous assistons beaucoup de gouvernements en Afrique et dans le reste du monde dans leurs réformes des marchés publics. Nous sommes là en tant qu’accompagnateurs et conseillers. Le plus important, c’est que ces réformes doivent venir des spécialistes en marchés publics de Madagascar. Ce sont eux qui sont les mieux placés pour faire un diagnostic et donc les mieux à même de détecter certaines des réformes qu’il faudra mettre en place. Nous sommes là pour les assister aussi bien de façon technique qu’avec les moyens financiers.
Nous verrons d’ici deux jours ce qu’ils nous proposeront.
Propos recueillis par C.R
