Avant que ça ne dégénère
Soamahamanina, code de la Communication, perquisition, hausse des prix du carburant, insécurité… La liste n’est pas exhaustive. Mais elle montre les problèmes que le gouvernement doit régler dans un court délai. Parce que ça risque de dégénérer.
A première vue, ces problèmes là ne doivent pas l’être. Le gouvernement les a tout simplement mal négociés. Pour Soamahamanina, la grogne populaire est en train de monter. Le lever de bouclier est général à commencer par la population locale qui a reçu le soutien de plusieurs entités dont la société civile. Mais le gouvernement reste sourd. Le gouvernement a également choisi d’engager le bras de fer avec les journalistes en ce qui concerne le code de la Communication déposé pour adoption à l’Assemblée nationale. Aurait-il fallu en arriver à ce point, et cela à la veille du sommet de la Francophonie pour lequel le régime a besoin des apports de tout le monde, notamment des médias ?
Hier, le domicile de l’ancien Premier ministre Monja Roindefo a été investi par les éléments de l’EMMOREG. Ces derniers auraient agi sans aucun mandat, selon l’ancien Premier ministre. Même si la Primature est de bonne foi en voulant récupérer ses biens, disséminés un peu partout à cause de la succession rapide des locataires de Mahazoarivo, il ne fait aucun doute que cette action se retournera contre elle du fait que la perquisition, selon l’ancien Premier ministre, a été faite dans l’illégalité. Ce dernier, sans ambages, a dénoncé une entorse flagrante des fondements même de l’Etat de droit pour lequel Madagascar milite.
Les prix à la pompe commencent également à monter sans que l’on ne comprenne pourquoi. Certes, le prix du baril a connu une sensible augmentation, mais pas au point qu’elle doit déjà se répercuter sur les prix à Madagascar. On parle de vérité des prix, mais laquelle ? Pas un seul des opérateurs n’a daigné rendre publics ses calculs pour que l’on puisse vraiment accepter une telle hausse. Et pour les consommateurs, l’Etat se fait complice de ces « étrangers » qui exploitent la « naiveté » des Malgaches, trop tendres pour se lever contre cette iniquité.
Et que dire de l’insécurité ? Plus personne ne peut dire à Madagascar, où qu’elle soit, dans les villes comme dans les campagnes, qu’elle n’est pas en danger. Personne n’est sûre de rentrer intacte chez elle le soir après avoir vaqué à ses occupations. Si l’on ne compte que les morts révélés en Une des journaux, l’on arrive facilement à une vingtaine par semaine. Ils sont morts pour la plupart de mort violente. Certes, des enquêtes sont ouvertes, mais combien aboutissent ? Le gouvernement est pourtant le garant de la sécurité de chaque citoyen. C’est dans la Constitution.
L’histoire de Madagascar a montré que les Malgaches sont très patients. Mais il arrive qu’ils en ont marre et veulent faire sauter le couvercle de la marmite. Il est encore temps pour nos gouvernants de se ressaisir avant que ça ne dégénère vraiment.
