Liberté de presse : La grande marche n’a pu avoir lieu
L’on s’y attendait : les éléments de l’EMMOREG ont empêché les journalistes du mouvement «Miara-manonja» de réaliser la grande marche qu’ils ont organisée hier d’Ankorondrano à Analakely.
La grande marche des journalistes s’est heurtée au refus des Forces de l’ordre. Le mouvement des journalistes voulant rejoindre la place de la stèle de la liberté de presse à Analakely au départ d’Ankorondrano a en effet été empêché par les Forces de l’ordre. « Les funérailles de la liberté d’expression » n’ont pas pu se tenir. Les dispositifs mis en place par les Forces de l’ordre ont eu raison de la volonté et du courage des journalistes, venus sur les lieux. Deux grenades lacrymogènes ont explosé du côté d’Analakely pour disperser les manifestants.
D’Ankorondrano….
Vers 09 heures hier, des journalistes ont rejoint le point de ralliement pour la grande marche, à Ankorondrano. Une centaine de personnes se sont attroupées aux alentours du village des jeux d’Ankorondrano. Des journalistes vêtus de noir, signe de deuil, des politiciens, de simples citoyens et même des délégations issues de Soamahamanina ont participé à cette manifestation. Un millier de personnes a répondu à l’appel du mouvement « Miara-manonja » pour cette grande marche. Vahombey, ou encore Me Olala ont été de la partie.
De leur côté, les Forces de l’ordre, conduites par le colonel Ravoavy, commandant du Groupement Analamanga, ont également investi la place dès les premières heures de la journée. Un dispositif armé impressionnant face à des journalistes munis tout simplement de caméras et de stylo en main… Deux barrages, distants l’un de l’autre d’une centaine de mètres, ont été érigés par les Forces de l’ordre.
Deux tentatives des manifestants pour franchir ces barrages ont échoué. Les militaires n’ont pas autorisé les manifestants à avancer et à poursuivre la marche à quelques dizaines seulement du point de départ. Armés jusqu’aux dents, des éléments cagoulés se sont mis en formation devant chaque tentative des journalistes de poursuivre la marche. Afin de mieux organiser leur stratégie, les journalistes ont fini par décider de suspendre leur manifestation vers 13 heures. Les Forces de l’ordre ont de nouveau rappelé que toute manifestation non autorisée sur la place publique est interdite.
….à Analakely.
Mais certains manifestants, de simples citoyens pour la plupart, se sont décidés à rallier Analakely par petits groupes pour ne pas éveiller les soupçons des Forces de l’ordre. Une marche pour Analakely a été vite formée par près d’une centaine de personnes. Là, les Forces de l’ordre ont déjà mis en place un vaste dispositif de sécurité, digne des films de guerre… Le Général Florens Rakotomahanina en personne est venu commander ses troupes. Pour disperser la foule, ils ont eu recours à deux grenades lacrymogènes. « Nous avons le devoir de disperser la foule afin d’éviter les débordements et de préserver la sécurité de la population. En outre, les dirigeants de la manifestation des journalistes ont affirmé que les manifestants (NDLR : ceux d’Analakely) n’ont rien à voir avec le mouvement des journalistes », a fait savoir le Général pour justifier le recours aux grenades lacrymogènes.
En effet, le Général a eu une brève discussion avec Vahombey et Soava Andriamarotafika. Ces derniers auraient donné le feu vert au Général pour disperser la foule. « Nous avions obtenu des renseignements qui disaient que des fauteurs de trouble se mêleraient à cette manifestation d’Analakely », a continué le Général Florens Rakotomahanina.
Quoi qu’il en soit, au vu des dispositifs mis en place, le Général, en personne, aurait pris cette décision sans avoir consulté les journalistes.
Les journalistes manifestants ne vont pas pour autant baisser les bras face à cette énième déconvenue. D’ailleurs, la délégation des journalistes manifestants a été reçue hier soir par la délégation de l’Union Européenne. Leur entretien a été articulé autour de ce mouvement de protestation des journalistes. Les Représentants de l’Union Européenne leur ont affirmé qu’ils prennent note des revendications des journalistes.
Par la suite, les dirigeants du mouvement se sont réunis dans la soirée d’hier. D’autres manifestations seraient programmées pour d’ici peu.
Velo Ghislain
