Attentat et culture
Michaelle Jean, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, a rendu un vibrant hommage aux victimes de l’attentat à la bombe à Mahamasina, dans la soirée du 26 juin. Elle l’a fait à la Résidence de France, lors de la célébration de la fête nationale française. Elle était à des années lumières de penser que la nuit même, une autre tragédie allait frapper la France, à Nice, quand un camion fou a foncé sur la foule, causant la mort de 84 personnes et en blessant plusieurs autres.
La mort était venue, là où on ne le pensait pas. Les risques étaient beaucoup plus sérieux lors de l’Euro. Jeudi, alors que la tension était retombée et que le gouvernement avait décidé de lever, le 29 juillet, l’Etat d’urgence, un homme a choisi la ville de Nice et la promenade des Anglais pour commettre un attentat dont la barbarie n’a d’égale que sa folie à commettre son forfait sur des gens innocents. Il a choisi délibèrement de semer la mort. Et il a réussi. Un Bataclan-bis, mais à ciel ouvert. Il ne s’est arrêté que lorsque les militaires ont enfin su qu’ils avaient affaire non à quelqu’un qui avait perdu le contrôle de son véhicule mais à un énérgumène dont l’objectif est de tuer le plus de gens possible.
Comme à Mahamasina, il y a de cela quelques semaines. Si le ou les auteurs de l’attentat ne sont pas encore identifiés, l’on sait qu’il (ils) a (ont) projeté de s’en prendre à la vie de plusieurs personnes. Le jour de la fête nationale. Le bilan est différent, certes, mais la vie n’a pas de prix. Un assassinat comme un carnage est pareil quand on arrache la vie d’une ou de plusieurs personnes. Le pays doit en porter le deui. La France a décidé de mettre son drapeau en berne pendant tois jours en hommage aux victimes, si, chez nous, le gouvernement a jugé suffisant le soutien accordé aux victimes.
Et c’est dommage. C’est cette attitude moins compatissante et qui se suffit à condamner l’acte sans en expliquer la gravité qui fait que la mort, chez nous, est devenue banale. On ne s’en émeut plus. Il n’y a plus que les proches qui pleurent leur mort. Les autres s’en f… royalement. La solidarité, la compassion ne sont plus que des mots vides de sens. Bien sûr, les images dans les journaux choquent et on s’en offusque. Et c’est tout.
Si les criminels malgaches commettent leur forfait sans aucun scrupule, c’est que notre comportement vis- à-vis de la mort a changé. Le respect que nous devons à nos ancêtres, notre peur du « tsiny » et du « tody », tout cela a disparu. Beaucoup de choses changeront si tant est que quelqu’un pense à revaloriser notre culture.
