L’heure est grave
Eloignement oblige, les gens de la capitale ne se rendent pas tellement compte de ce qui se passe dans les contrées comme Sambava, Vatomandry et, jusqu’à très tard, hier soir, Mampikony où les gendarmes sont pris à partie par la foule. Ils n’arrivent plus à mener leur mission de protecteurs des biens et des personnes. A Mampikony, à cause de leur colère, des inconnus se sont même attaqué aux voitures qui passaient sur la RN 6 en leur lancant des pierres, faisant des blessés et de gros dégâts sur les véhicules. A qui se plaindre ? A personne puisque les gendarmes, à cause du mouvement populaire dans la ville, ont déserté les lieux, leur brigade et domicile ayant été pillés et incendiés.
Les gendarmes, comme nous l’avons dit dans un de nos points de vue, représentent la loi et l’Etat. Indirectement, c’est le pouvoir qui est attaqué et celui-ci ne parvient plus à se défendre. Les gens n’ont plus peur des balles, à blanc ou réélles. La loi du nombre compte et le dicton malgache « ny mitabe tsy lanin’ny mamba » est amplement prouvé.
La menace sur la République est réelle quand ceux qui sont sensés la protéger sont contestés. Les gendarmes sont toujours les premiers sur les lieux d’un événement, notamment dans les localités hors des agglomérations. Pour le maintien de l’ordre, en général, ils sont en première ligne. Dans la lutte contre les « dahalo », les gendarmes sont toujours appelés en renfort quand il s’agit de poursuivre les bandits. Et ils en paient un lourd tribut puisque, seulement pour cette année, plusieurs dizaines ont déjà perdu leur vie.
Et si les gendarmes n’acceptent plus de mener ces missions ? Notamment dans cette affaire de Mampikony, ils ont pu mettre la main sur des « dahalo » qui se sont, semble-t-il, attaqués à un village dans les environs de Mampikony en tuant des gens et en volant des zébus. Comme ils devaient les remettre à un tribunal le plus proche, celui d’Antsohihy dans la région Sofia, c’est là que les choses se sont compliquées puisque la population de Mampikony les a réclamés pour les juger et leur appliquer la justice populaire. Ce qui est contraire à l’Etat de droit que représentent les gendarmes. La population s’est donc retournée contre ces derniers, les accusant d’être les complices des « dahalo ».
Le pouvoir central doit réagir avant que ces phénomènes ne fassent tâche d’huile. D’un, la justice populaire qui semble prendre une proportion alarmante, et de deux, les gendarmes ne peuvent plus faire leur travail en toute sérénité. Car sans les gendarmes, nous nous dirigeons tout droit vers le chaos…
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