Affaire Claudine Razaimamonjy : “Trop d’ingérence”, selon le SMM
Le Syndicat des Magistrats de Madagascar (SMM) suit de très près l’évolution de l’affaire Claudine Razaimamonjy ainsi que d’autres sujets brûlants. Cette fois, c’est le vice-président du SMM qui donne sa version des faits.
L’affaire Claudine Razaimamonjy continue de défrayer la chronique depuis le 7 avril 2017. Le Syndicat des Magistrats de Madagascar (SMM) suit de près cette affaire. Dans une interview accordée à Ma-LAZA, Hubert Tiaray Fanahimanana, vice-président du SMM, a apporté des éclaircissements de la position de ces grands commis de l’Etat. Interview.
Ma-LAZA : Pourquoi le Syndicat des Magistrats de Madagascar fait-il un énorme tapage autour de l’affaire Claudine Razaimamonjy?
Hubert Tiaray Fanahimanana : Beaucoup de gens ne comprennent pas les actes du bureau du SMM dans cette affaire. Ainsi, je tiens à apporter quelques précisions les plus simples possibles. Lorsque Madagascar et sa population avaient voté la Constitution en 2010, ils ont érigé l’Etat en une République. Dans cette forme d’Etat, le peuple est souverain et le pouvoir tout entier lui appartient. Seulement, par la difficulté technique de faisabilité, les millions de citoyens ne pourront pas gouverner ensemble. Aussi, ont-ils élu des dirigeants et ces derniers ont désigné des responsables pour conduire les affaires publiques. La Constitution de la IVème République met bien en évidence la séparation des pouvoirs dans un Etat, à savoir, le Législatif, chargé de faire les lois, l’Exécutif pour les appliquer et enfin, le Judiciaire, tenu de contrôler l’application des lois votées. Si tout se passe bien, ces trois pouvoirs ne doivent jamais s’empiéter dans l’exercice de leurs tâches.
Ma-LAZA : Que constate le SMM dans le dossier Claudine Razaimamonjy ?
Hubert Tiaray Fanahimanana : Dans l’affaire Razaimamonjy Claudine cependant, le SMM a constaté que l’Exécutif s’insurge outre mesure dans la gestion de ce dossier puisque la dame en question se trouve être une proche du pouvoir et du Président de la République. Au vu de ces faits et tant de cas qui ne sont pas cités depuis quelques temps, les magistrats du SMM se sont dit qu’il faut que de telles pratiques cessent et que l’on laisse aux magistrats le soin de faire leur travail en toute liberté, sans obstacle.
En d’autres termes, le SMM décrie une volonté de faire obstruction à l’action de la Justice et des magistrats. Nul n’est sans savoir que le gouvernement tout entier, au nom d’un principe « occulte » de solidarité gouvernementale, s’est insurgé dans le traitement de cette affaire depuis l’audition de la prévenue auprès du BIANCO. Un sénateur a même mis son nez dans cette histoire. Le SMM ne peut jamais et ne voudra jamais laisser faire de telles choses tant que l’Etat malagasy prône l’égalité de tous devant la loi et l’Etat de droit ainsi que l’indépendance de la Justice.
Ma-LAZA : L’indépendance de la Justice est-elle en péril ?
Hubert Tiaray Fanahimanana : Dans une Justice indépendante, les magistrats sont indépendants et ne sont soumis qu’à la loi et à leur intime conviction (la Constitution l’a encore rappelé). Le fait qu’un directeur d’un centre hospitalier soumette à son autorisation l’exercice d’un magistrat dans son travail est une forme d’entrave à cette indépendance, un gouvernement qui menace, par communiqué officiel, de poursuites judiciaires un magistrat qui remplit ses fonctions juridictionnelles en est également une autre et enfin, un sénateur de la République qui fait obstacle à un substitut du Procureur d’entrer dans un lieu de détention est tellement aberrant et constitue, en lui seul, un acte d’obstruction à la bonne marche de la Justice, puni par le Code pénal.
Ma-LAZA :Votre dernier mot…
Hubert Tiaray Fanahimanana : Le SMM a ras-le-bol de la partialité flagrante, adoptée en fonction des richesses dans les affaires judicaires ainsi que de l’ingérence de tout-bords dans un procès. Il ne veut plus que cela continue, à commencer par l’affaire Claudine Razaimamonjy. Le Syndicat souhaite montrer que l’impunité n’est plus admissible à l’époque où nous vivons et que pour les générations futures le SMM souhaite que tout le peuple malagasy soit traité sur le même pied d’égalité devant la loi. Que dans 15 ou 20 ans, les héritiers de ce pays puissent avoir une justice crédible, indépendante et des magistrats indépendants et respectés dans leurs décisions au nom du peuple malagasy.
Recueillis par Vola Ravoavy
