Paris : Les autorités du pays éclairent la diaspora
Une visite de travail ou encore diplomatique dans un pays étranger est généralement une occasion pour les autorités du pays de rencontrer la diaspora malgache.
De passage à Paris, après un séjour à Rome, à la suite de la visite officielle du Président de la République et de sa délégation en Italie, le Sénateur Rivo Rakotovao, le ministre des Affaires Etrangères Henry Rabary-Njaka, le ministre de l’Eau de l’Energie et des Hydrocarbures Lanto Rasoloelison, le Conseiller Spécial du Président Jaobarison Randrianarivony, le DG de la Kraoma Arsène Rakotoarisoa, ainsi que le Conseiller en Énergie auprès du PRM Guy Andriambololo-nivo, ont rencontré les membres de la diaspora malagasy, résidents de la capitale française et de sa région.
A cette occasion, après un bref tour d’horizon des différents projets actuellement en cours de réalisation à Madagascar et de la politique du Gouvernement, Rivo Rakotovao, président national du HVM et fraîchement nommé Sénateur de Madagascar, a engagé des échanges avec l’assistance. Appuyé par son Secrétaire Général en la personne de Henry Rabary-Njaka, Rivo Rakotovao et les ministres et hauts responsables présents à cet entretien ont entrepris une séance de questions-réponses en priant l’assistance de rapporter fidèlement leurs réponses et d’éviter de jouer le jeu tendancieux de certains journalistes.
L’assistance, composée majoritairement d’acteurs connus de la diaspora, d’observateurs et de journalistes, a durant plus de deux tours d’horloge, abordé les sujets brûlants de l’actualité. De manière très ouverte, les hauts responsables présents à cette séance ont répondu aux questions liées aux infrastructures, à l’insécurité, à la politique agricole, à la Constitution, aux élections, à la politique énergétique, à la stabilité, à la presse, à la communication, au Forum de la diaspora, aux mesures sanitaires… tout en insistant sur le rôle et la responsabilité de chaque individu dans le développement du pays. Autant de sujets qui ont suscité un vif intérêt chez l’assistance, mais qui ont surtout permis aux autorités présentes de rétablir certaines vérités et de détailler davantage les actions menées sur le terrain.
Si les moyens de communication actuels permettent une diffusion quasi instantanée de l’information, malheureusement toutes les informations ne sont pas transmises et le public se retrouve assez souvent avec des données erronées, ou transformées au gré des directives rédactionnelles des patrons de presse. Admettant que les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important dans la diffusion de l’information, Rivo Rakotovao a rappelé la place prépondérante de l’action sur le terrain. «Vous pouvez être désigné vainqueur dans un sondage Facebook, sur le terrain, il en est tout autre, car la population locale se réfère à vos actions et à vos réalisations». Tout en reconnaissant une certaine carence en termes de communication et qui ne peut être minimisée, le sénateur Rivo Rakotovao invite les critiques à constater les réalités sur le terrain. «On dit que rien n’a été fait depuis trois ans et demi, chose déjà difficile à entendre, surtout lorsque vous avez pour mission, édictée par le Président de la République, d’aller sur le terrain autant que possible dès la clôture du Conseil des ministres de chaque mercredi… Alors rendez-vous sur le terrain, allez en province et constatez par vous-mêmes», a-t-il indiqué.
Entres autres sujets abordés, le phénomène de l’insécurité a été discuté. La Réforme du Secteur Sécurité (R.S.S), le Bataillon Inter-Armes (B.I.A), les vols et trafics de zébus, la circulation des armes et leurs utilisations dans des actes de banditisme, la corruption dans le corps des magistrats entraînant la relaxe des prévenus et la perte de confiance de la population envers la Justice… autant de points expliqués et détaillés. Il y a également le rejet des informations non-négatives qui devient un véritable phénomène, donner l’impression que tout va mal en permanence… «Mais savez-vous que Madagascar est le 40e pays au monde le plus paisible ? Combien, selon vous, sont persuadés par ce constat ? Ce n’est pas nous qui le disons, c’est ce qui ressort d’une étude internationale dont nous avions pris connaissance durant notre séjour à Rome, auprès de ces grandes organisations internationales qu’on a rencontrées».
Certes, l’insécurité est omniprésente, mais la réforme engagée dans la lutte contre ce phénomène implique de profonds changements, à commencer par une nouvelle répartition et un nouveau redéploiement des éléments sur le terrain.
Les points de la Constitution, soulevés dernièrement par le Président de la République, notamment l’Article 47, la loi électorale, les Collectivités Territoriales Décentralisées (C.T.D) et la place du Fokontany, ont été expliqués et discutés. «Le Président n’a pas dit qu’il allait organiser un référendum, ni changer de Constitution», mais des questions se posent.
«30 jours au moins et 60 jours au plus avant l’expiration du mandat du Président au pouvoir. Sans même aborder la démission du Président, spécificité de la Constitution de la République de Madagascar, pourrions-nous réellement avoir un Président élu le 24 janvier 2019 en ayant organisé les élections dans un délai de deux mois lorsque la CENI devra récolter les bulletins et le PV originaux de 20.000 bureaux de vote avant de proclamer les résultats provisoires du 1er tour avant le délai légal de 45 jours pour traiter toutes les réclamations ?», a demandé Henry Rabary-Njaka, pour sa part, à l’assistance. «Serions-nous disposés à nous mettre de nouveau dans une situation extraconstitutionnelle?»…
Pour clore la séance, après avoir répondu à toutes les questions, le ministre de l’Energie Lanto Rasoloelison, quant à lui, a expliqué la politique énergétique du gouvernement jusqu’à l’horizon 2030, en réponse à la question d’un participant. «L’objectif étant, à l’horizon 2030, de passer à 75%, voire plus, d’énergies renouvelables et de baisser de manière notable les coûts, et cela est plus que faisable aujourd’hui». Le ministre a rappelé que le prix du KwH vendu par la JIRAMA au grand public était de 15cts $ alors que son coût de revient variait entre 23, voire, 35cts $ selon les endroits. «C’est pour combler cet écart que nous disposons des subventions, et si elles étaient de 450 milliards cette année, elles passeront à 209 milliards en 2018 pour disparaître progressivement». Le passage du gasoil vers le HFO, les énergies solaires, hydrauliques, éoliennes, l’électrification rurale, un bref résumé pour donner un aperçu des changements à apporter et de la nouvelle politique énergétique.
Rendez-vous est maintenant donné à nos compatriotes résidant à l’étranger, cette fois à Antananarivo au Village Voara d’Andohatapenaka, pour le Forum de la Diaspora qui se tiendra du 26 au 28 octobre prochain, sous l’égide du ministère des Affaires Etrangères et de la Direction de la Diaspora. Donner sa place à la diaspora, relier les Malagasy de l’étranger à ceux de Madagascar pour mieux coordonner leurs actions et contribuer au développement de Madagascar, tels sont les objectifs primaires. Rappelons que la prise en considération de la diaspora est une promesse du Président Hery Rajaonarimampianina lors de sa première rencontre avec les Malagasy à la Résidence de Madagascar à Paris en mars 2014 et qui a pris forme par la création de la Direction de la Diaspora. Celle-ci sera concrétisée à Madagascar fin octobre prochain.
Notons qu’en début de séance, l’assistance s’est levée pour une minute de silence en hommage à l’ancien Président Albert Zafy.
Marc A.
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