Air Madagascar : Vers la cessation des paiements
La compagnie Air Madagascar n’a eu de cesse de traverser des zones de turbulence. La grève qui sévit actuellement ne fait qu’aggraver cette situation. Les zones de turbulence persistantes secouent fortement la compagnie nationale dont l’avenir semble, désormais, incertain…
Le problème d’Air Madagascar est notamment d’ordre financier. Aujourd’hui, la situation est telle que la compagnie nationale pourrait se retrouver en état de cessation de paiement. La cessation de paiement démontre «l’impossibilité d’une société à faire face à son passif exigible avec son actif à disposition». En d’autres termes, qui dit cessation de paiement signifie, en général, incapacité de s’acquitter de ses dettes (salariés, fournisseurs, cotisations de sécurité sociale…). Des risques de chômage technique et de non-paiement de salaires sont ainsi à craindre.
Au départ, les délégués du personnel ont informé que les responsables de la compagnie n’ont plus payé les différentes cotisations obligatoires des employés, comme celles de la CNaPS, des pensions de retraite, alors que ces cotisations sont prélevées sur leurs salaires. Leurs revendications sont devenues, par la suite, des revendications structurelles. Cependant, force est d’admettre qu’un problème structurel ne se résoud pas en quelques jours, selon les précisions d’un responsable. C’est un travail de longue haleine. Après quoi, ces réclamations sont allées jusqu’au-delà des simples revendications syndicales, puisque les grévistes ont exigé la démission des responsables de la compagnie, ce qui semble avoir une connotation plutôt politique, de l’avis des observateurs.
En tant que société commerciale, Air Madagascar devrait enregistrer des recettes. Mais à cause des annulations de vols, des pertes considérables sont supportées par jour. Dès le début des mouvements de grève, la Direction Générale d’Air Madagascar a noté que si l’on considère que le chiffre d’affaires national est de 200 millions USD/an, chaque jour de grève occasionne déjà une perte directe de près de 500 000 USD pour cause d’annulations des vols. La compagnie est, d’ailleurs, tenue de prendre en charge l’hébergement et la nourriture des passagers bloqués. Une prise de conscience des travailleurs est ainsi de mise pour faire fonctionner la compagnie et assurer la reprise normale des exploitations.
Le problème dépasse le cadre de la compagnie. C’est devenu une affaire nationale. Si les appréhensions sur l’état de cessation de paiement s’avèrent fondées, des décisions en haut-lieu devront être entreprises incessamment…
C.R
