Ambatovy : Conteneurs bloqués d’un côté, comptes gelés de l’autre
L’heure est grave pour Ambatovy. «Ambatovy peut seulement survivre pendant environ une semaine dans les circonstances actuelles», a indiqué hier, Louis Roland Gosselin, Vice-président en charge du Développement Durable d’Ambatovy. La compagnie est confrontée à un double blocage : le blocage de ses conteneurs qui paralyse ses activités auquel vient s’ajouter le blocage partiel de ses comptes.
Les containers de nickel d’Ambatovy destinés à l’exportation sont bloqués depuis plusieurs jours au Port de Toamasina suite à la mise en place de l’Advance Cargo Declaration dont la nouvelle taxe ne devrait pas s’appliquer à Ambatovy, selon les dispositions de la Loi sur les Grands Investissements Miniers LGIM. Il en est de même des cargaisons de matières premières et de pièces détachées qui leur sont destinées. Le blocage des containers au Port signifie qu’Ambatovy n’a plus aucun revenu et sa trésorerie, déjà très faible et affectée par le prix du nickel le plus bas dans l’histoire, est de plus en plus critique.
Bref, Ambatovy agonise. Quel serait donc le scénario une fois cette durée de survie écoulée? «On n’ose pas imaginer qu’on va en arriver là…» a-t-il poursuivi. Il a toutefois été clair, en avançant hier au cours d’une rencontre avec la presse à Ankorondrano, que des mesures drastiques seront prises avant la fin de la semaine prochaine en l’absence de directives émanant des autorités compétentes pour les compagnies maritimes leur ordonnant expressément et sans équivoque d’accepter la cargaison Ambatovy sans exiger l’ACD. De surcroît, Ambatovy ne peut pas charger des cargaisons d’importation et sera bientôt à court de matières premières et de pièces détachées pour la maintenance de la mine et l’usine.
Si ces conteneurs sont bloqués, c’est parce que les compagnies maritimes n’acceptent plus les cargaisons de la compagnie Ambatovy à moins que cette dernière ne se conforme aux exigences de l’ACD. La compagnie a demandé une réunion d’urgence avec le Président de la République en espérant qu’il veillera à ce que la loi soit appliquée comme il se doit une fois que le Chef de l’Etat sera informé de la situation.
Comptes bloqués
Les comptes bancaires d’Ambatovy ont été partiellement bloqués depuis le 17 février dernier suite à un différend avec une ancienne cadre de la compagnie. En effet, un huissier agissant pour le compte d’une ancienne employée a signifié un avis à au moins une des banques locales afin de suspendre les comptes d’Ambatovy.
Selon les responsables d’Ambatovy, cette employée a été licenciée d’une manière légale pour conduite contraire à l’éthique, en 2013 et tous les avantages dus lui ont été payés à l’époque, en conformité avec le Code du travail. L’employé a poursuivi Ambatovy au tribunal civil pour licenciement abusif, en demandant un total de 2,3 milliards Ar qui représente plus de 100 ans de salaire en moyenne d’un employé malgache d’Ambatovy et afin d’assurer que sa demande soit acceptée par le tribunal civil. Elle aurait produit un document dont la validité est contestée par Ambatovy qui a ainsi déposé une plainte pénale pour usage de faux.
Les deux cas ont été jugés en sa faveur, le tribunal civil lui accordant 567 millions Ar, avec un ordre sommant Ambatovy de payer immédiatement 88 millions Ar, et la Cour criminelle a rejeté le cas d’Ambatovy. Ambatovy a interjeté un appel, appel qui court en ce moment pour le civil, et qui a été rejeté en ce qui concerne le pénal. Ambatovy estime qu’il y a déni de justice et elle est prête à déposer une action à la Cour de cassation et à aller jusqu’ à l’arbitrage international si nécessaire.
C.R
