Ankatso : Nouveaux affrontements entre forces de l’ordre et étudiants
«O i o ! tia hianatra izahay !». Tel est le cri de guerre, scandé par les étudiants grévistes. Si le 22 Juillet 2015, les étudiants de l’Université d’Antananarivo se sont décidés à suspendre la grève, le 21 Août dernier, ils ont de nouveau observé une grève d’avertissement. Bien évidemment, ils ont joint l’acte à la parole en intensifiant leur mouvement de revendication depuis hier.
Ankatso était de nouveau le théâtre d’un affrontement hier. Jets de pierre par des étudiants depuis l’escalier conduisant vers le petit portail menant au Terminus 119 d’un côté, tirs de bombe lacrymogène des Forces de l’ordre de l’autre.
Hier à 10h, le calme régnait encore au Terminus, chacun vaquait à ses activités quotidiennes aussi bien les taxibe, les gargotiers, que les vendeurs de mokary…
Auparavant, les étudiants, eux, se sont d’abord rassemblés sur l’Esplanade de l’Université d’Ambohitsaina pour faire montre de solidarité. «Les étudiants de l’ENS et de l’Ecole Supérieure Polytechnique de Vontovorona viendront grossir nos rangs aujourd’hui», ont-ils annoncé. Les responsables pédagogiques ont rappelé que leur revendication porte sur la reprise des cours. «Cela fait un peu moins de deux mois que les cours sont suspendus. Nous exigeons des solutions rapides et pérennes».
Le SECES, rappelons-le, a indiqué que si aucune solution concrète n’est trouvée à leurs revendications d’ici la fin de ce mois, une année blanche est à craindre à l’Université. Pour les étudiants, il faut éviter d’en arriver là car c’est leur avenir qui est en jeu.
Pour s’exprimer et se faire entendre/ou être vus, c’est selon, ces jeunes grévistes ont décidé hier de faire une marche et de descendre jusqu’ au Terminus. Les éléments de l’Emmo-Sécurité, eux, se sont dépêchés sur place, prêts à intervenir en cas de débordements.
Des représentants des universitaires ont entrepris des pourparlers avec un représentant des Forces de l’ordre. Ce dernier a précisé que Madagascar est un Etat de droit et que les manifestants doivent se conformer à la procédure légale, soit en déposant une demande d’autorisation de manifester sur la voie publique auprès des autorités compétentes.
Mais, les représentants des étudiants ont fait fi de cela en soulignant qu’ils vont sortir de l’enceinte de l’Université, malgré tout. C’est ce qui avait déclenché l’affrontement.
Tantôt les éléments des Forces de l’ordre se mettaient à pourchasser les étudiants dans les escaliers à coups de bombes lacrymogènes, tantôt les étudiants lançaient à toute volée des cailloux sur leurs poursuivants, en réplique à ces violentes provocations…
Entretemps, les taxibe se sont mis à déserter les lieux et les gargotiers se sont empressés de fermer leur échoppe.
Pour les badauds, ces échanges de « tirs » entre les manifestants et les Forces de l’ordre s’apparentaient à un spectacle attrayant qu’ils se plaisaient à contempler sous les abribus ou dans les alentours… En fin de matinée, ces curieux ont quitté les lieux bien malgré eux, haletants, et le souffle court dû aux effets des gaz lacrymogènes. Les uns se mettaient à tousser, les autres essuyaient leurs larmes. «Des poudres dispersantes ont été utilisées par les Forces de l’ordre», se sont-ils accordés à dire en s’éloignant. Un étudiant a été arrêté, suite à ces échauffourées.
Affaire à suivre.
C.R
